Avant de commencer à narrer la suite de mes aventures, je vais vous  mettre rapidement dans l'ambiance dans laquelle je suis. J'ai une  connexion INTERNET ! Après la visite de 3 cybercafé, 30 min d'attente et  2 coupures de courant, je peux enfin me connecter ! Certes la connexion  ne brille pas par son débit, le clavier est un peu dur et il commence à  faire nuit, mais je suis lancé !
Nous reprenous à l'endroit même où nous nous étions arrêté, le samedi  11 septembre. Nous avons passé la soirée dans le bar du coin, où nous  étions tous fatigués suite à une journée éprouvante, de courses, d'achat  de souvenirs, de réparation de chaussure, de découpage de costume... Le  lendemain, avec Romain et Pascal, un expatrié et un togolais, nous  sommes partis en zems à la visite du Mont Kloto, une petite montagne à  10 km de Kpalimé. Guidés par Jean-Luc, un jeune naturaliste togolais  armé de son couteau et d'un redoutable filet à papillon, nous avons  parcouru la forêt pendant 2h. Nous avons (re)découvert le caféier, le  papayer, le cacaotier, le bananier et l'ananas, mais aussi bon nombre  d'espèces médicinales, dont la plupart soignent les maux de ventre, mais  peuvent aussi stopper les hémoragies, calmer les inflammations, faire  sortir les placentas ... à travers leurs racines, leurs écorces mais  aussi leurs fleurs ou leurs fruits. J'avais finalement l'impression de  me balader dans une trousse à pharmacie géante ! Mais l'une des  spécialité du coin est la teinture végétale, et nous avons extrait du  noir, du rouge, et de l'ocre ... La trousse à pharmacie se transformait  en palette de peinture ! Enfin, pour que le filet ne soit pas un simple  élément décoratif, il a permis de saisir plusieurs papillons, dont les  ailes rivalisaient chacune de couleur et de beauté. Une superbe matinée !
| Du cacao à l'état naturel | 
| Vue su Kpalimé depuis le mont Kloto | 
| De beaux petits scorpions dans un vivarium | 
Nous avons rejoins le camp chantier dans la soirée, prêt à  recommencer une grosse semaine. De tradition, les expatriés (nous) devons organiser un repas français. Notre imagination débordante et les produits disponibles à Kpalimé nous ont fait opter pour un riz-poulet-ananas. Bon d'accord c'est plus marocain que français, mais au moins, ça n'est pas togolais ! Les cuisses de poulet congelés nous ont donnés qu'une satisfaction partielle, nous aurions préféré de vraies escalopes, mais bon ...
| Repas à lampe à pétrole | 
Dans mes bonnes résolutions (puisqu'il  en faut toujours !), je me mettais d'accord avec Alphonse, lui aussi  togolais, pour se lever le lendemain à 6 et aller courir sur la route.  Dès le premier bip de ma montre (que certains commencent à bien  connaître !), nous nous élancions à grandes foulées. C'était le jour de  la rentrée des classes et nous vîmes de frais écoliers, dans leurs  costumes caca d'oie, se lancer dans leur nouvelle année scolaire. 
Soit dit en passant, les frais de scolarité s'élèvent à 4000 CFA ( 6  euros) et l'ensemble du matériel scolaire à 20000 CFA (30 euros). Pour  comparaison, le revenu du pasteur (appelé cathé ici) avec qui nous avons  partagé une journée et des travaux aux champs, gagne 6000 CFA (9 euros)  par mois et dois scolariser 3 de ses enfants. Il touche peut-être  d'autre revenu, mais cela donne quand même un ordre de grandeur.
Le petit footing terminé, j'attaque joyeusement pompes, tractions et  sauts à la corde. Dans la matinée, je bosse dur avec toute l'équipe pour  creuser la tranché qui raccordera notre QG à l'adduction d'eau. Après  un temps libre, nous entamons un France-Togo sur petit terrain (on parle  de foot bien sûr !). Je me donne encore à fond, mais ce qui devait  arriver arriva, un trou dans le terrain et la cheville qui se tord ...  Aïe aïe aïe ... et bien sûr, je ne m'arrête pas aussi facilement, je  continue de jouer. Ce n'est qu'en prenant ma douche que je me rend  compte qu'un pied apparaît légèrement plus grand que l'autre : sur  l'extérieur de ma cheville je découvre un enflement de la taille d'un  petit oeuf de pigeon ...
Bon ... je suis résigné ... et passe le reste de la semaine dans mon  hamac (qui d'ailleurs est très confortable, parfait pour la lecture).  Mon envie de travailler la terre se transforme donc en une boulimie de  lecture, qui ne laisse rien sur son passage ! Du "Petit Chose" de Daudet  à "Sans laisser d'adresse" d'Harlen Coben, en passant par "Les Fourmis"  et "L'écume des Jours" et bien d'autres, je transforme littéralement  mon envie de m'évader réelle en une envie fictive et imaginaire, qui m'a  bien fait voyager !
| Lecture dans le hamac | 
Comme je l'ai évoqué, nous (Elodie, une togolaise, Romain et moi)  avons passé la journée en compagnie du cathé. Nous l'avons rejoins vers  8h, et, après avoir egrainé le maïs et être passé au moulin pour  midi, nous sommes allés aux champs à pied avec lui. Son champ lui est  prêté et se trouve à 2 km soit presque une demi-heure à pied. Sur place,  pendant que je reposais ma cheville (mais quel tire-au-flanc  direz-vous, et je l'accepterai, penaud, en baissant la tête), ils ont  tous les trois rassemblé les branches de bois mortes en petits tas avant  de les brûler. En effet, l'agro-foresterie (planter des arbres dans les  champs) est beaucoup pratiquée et permet de gagner en rendement,  notamment grâce à un effet fertilisant. Le repas, composé de poisson et  de pâte à base de farine de maïs, fût partagé à l'ombre de l'église et  des arbres environnant. S'en est bien sûr suivi l'éternelle tradition du  partage de sodabi, alcool de vin de palme pour ceux qui n'aurait pas  suivi l'épisode précédent. Nous avons pu discuter avec les enfants et  cette journée a vraiment permis de faire un pas vers les habitants du  village, que je n'avais pour ma part que croisé rapidement, et de  clairement se décomplexer.
En fin de semaine, je reprends tout de même des cours de moto, sans  conviction, puisque cette cheville peut de nouveau lâcher à tout moment.  Un bilan financier et idéologique entre les deux solutions de voyage  dans le Nord du pays voit finalement la solution du taxi brousse prendre  le dessus sur la moto, mais ce ne sera que partie remise à un week-end  d'octobre, du moins je l'espère.
La dernière semaine, très souple en travail, a laissé sentir la fin  approcher. Au final, le chantier, originallement basé sur du  reboisement, s'est finalement centré sur l'aménagement du jardin du QG,  avec nivellement, plantage de gazon et de plantes, installations de  bordures de pierre, mise en place de clotûres de bambous et de claies,  aménagement d'un nouvel accès au QG et raccord à l'adduction d'eau.
| La tranchée d'adduction d'eau | 
| Le jardin avec bordures et plantes d'agrément | 
Quand à l'arboretum, nous avons passé 4 demi-journées de défrichage au  coupe-coupe (nous ne travaillons tout de manière que le matin).  Heureusement, nous avons tout de même eu droit à une présentation des  espèces de l'arboretum par M. Kofi, à l'origine du projet.
| La visite de l'arboretum | 
| L'arbre à saucissons | 
 Nous avons fait plusieurs fois la fête, mercredi, au bar du village  voisin (pas d'electricité dans notre village), jeudi au QG autour d'un biquette partagée et d'un  feu de camp (au début, car la pluie journalière torrentielle s'est  déclarée 5 min après l'allumage du feu) avec la présence de quelques uns  des villageois et des membres d'une association voisine et enfin ce  soir à Kpalimé, dans le bar de l'un des responsables d'AMECAA.
| La biquette en cuisine | 
| Le groupe du chantier de septembre 2010 | 
Comme d'habitude, le temps me fait défaut, et je dois m'arrêter ici,  n'ayant pu vu donner ma vision actuelle du Togo, et de la mise en place  de solutions, comme celle du micro-crédit. Mon ordinateur ne me permet  toujours pas l'upload de photo et ce n'est que de retour en France que  vous pourrez mettre des images sur tout ce bla-bla.
Je pars demain pour Lomé, avec visite de la côté jusqu'à mardi, puis  visite du nord du pays jusqu'à Kara, avant de revenir dimanche pour le  prochain chantier.
A la prochaine !
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