lundi 28 février 2011

Vélo, boulot, dodo

Et voilà, j'ai trouvé un boulot ... et la routine prend doucement mais sûrement sa place.

Mais revenons-en à ma recherche d'emploi, il y a 3 semaines. Après 2 entretiens, je reçois un email, le sésame tant attendu :

Hi Antoine,

Hope all is well with you. We have a lot of exciting new projects in our pipeline and would love for you to be part of our team. [...] Please let us know at your earliest convenience and we can start the paperwork.

Please feel free to call or email us with any questions you may have.


Quand je lis l'email, je deviens encore plus fou que lors de la réception de la proposition d'entretien : je saute partout et j'appelle mes parents pour leur annoncer la nouvelle !

Je vais commencer le 14 février, jour de la Saint Valentin ! Je vais pouvoir leur déclarer ma flamme ! Mais bon, d'ici là, il va falloir que je me mette à jour en Ruby on Rails. Le mois de juin est déjà loin, et il ne faut pas que j'ai l'air perdu dès le premier jour. Alors je me mets à réaliser une petite application web que j'avais toujours eu en tête, mais je n'avais jamais pris le temps de m'y mettre. Le principe est simple : réaliser la gestion des comptes d'une colloc, ou plus généralement d'une cagnotte. Chacun déclare ses dépenses, on clôt la cagnotte et chacun reçoit la somme qu'il doit recevoir ou verser. Je me dis que j'aurais pu m'y mettre plus tôt et que ça aurait bien simplifié les nombreux chèques que nous avons échangé à la Colloc Courteline pendant 2 ans. En cherchant un nom, je pense à Kidoikoi, ça sonne bien et ça résume l'esprit de l'appli. Hélas, en faisant une rapide recherche sur Internet, le site existe déjà, et tout est déjà implémenté. Tant pis, je ferais la même chose pour m'exercer !

Ca fait déjà 2 semaines que je suis dans ma nouvelle chambre, et il est temps de pendre ma crémaillère. Je me dis qu'une soirée crêpes est le meilleur prétexte pour un français qui arrive. Et comme j'en ai parlé à la plupart des gens que j'ai rencontré, il me faudra faire les choses en grand. Je reviens chargé comme une mule du Safeway, le supermarché d'à côté, mais pas le moins cher...

4 poêles, 36 œufs, 4L de lait, 2kg de farine, je suis prêt !

Je nettoie bien la maison, et attaque les crêpes à 19h. Une heure plus tard, les premiers invités arrivent, et j'ai déjà une bonne trentaine de crêpes bien chaudes. Finalement, nous serons environ 25 dans une bonne ambiance franco-internationale !

Une vraie bande de Canadiens ! (pas de Robin Scherbatsky)

Chut, Hoon est là incognito

Je me rends compte que la soirée passe à toute vitesse et nous nous retrouvons à trois, pour finir des bières et quelques crêpes que nous fourrons au chocolat. Le lendemain, on range tout avec Hoon.

Samedi soir, Adrien m'invite chez avec d'autres amis, et on profite de la piscine intérieure de son immeuble, c'est pas la belle vie ! Des grandes baies vitrées, on voit circuler les passants emmitouflés dans leurs grands manteaux, et les sportifs de la salle de fitness d'en face s'activer sur leurs tapis roulants ou leurs vélos d'appartement. Dimanche, c'est la crise, je m'ennuie ferme. L'objectif est atteint, puisque j'ai décroché un boulot, mais comme je veux toujours reposer mon pied, je ne sors pas, et me fait ch... comme un rat mort. C'est dans la tête puisque j'aurais pu faire pleins de chose, mais je ne fais que traîner sur l'ordinateur, et m'allonger sur mon lit ...

Finalement lundi sera mon pré-premier jour : mon bureau et mon ordinateur ne sont pas encore livré. Je passe tout de même au bureau pour signer mon contrat et dire bonjour à tout le monde. Le soir, grâce à Craiglist et à ma motivation de la veille, je rachète une guitare à un Canadien qui part bientôt pour Toronto. Je suis content de pouvoir gratter à la maison, mais je n'ai pas d'accordeur et mes réglages imprécis rendent rapidement ma guitare inutilisable. Heureusement, une semaine après, Julian, un Danois avec qui je travaille me prête son accordeur et les arpèges peuvent gentiment reprendre. Je n'apprends rien de neuf, mais pratique les morceaux que je connais déjà. Il faudra quand même que j'essaie du Brassens, parce que le Petit Ane Gris et les Champs Elysées, on a donné !

Mardi, c'est parti, et pour de bon cette fois-ci ! Je découvre mon poste de travail : une table en verre dans le coin d'une pièce, sur laquelle trône fièrement un iMac 27" flambant neuf. Je n'avais jamais vraiment fait le pas vers Mac, mais cette entrée en matière n'a pas été pour me déplaire. Je me rends compte aussi que c'est la première fois que je ne travaille pas sur mon portable, comme lors des stages précédents.

Un iMac, un bon siège et du papier, c'est tout ce qu'il faut !

Mon patron met en place les outils nécessaires et configure la machine pour le partage de code source. Je dois prendre connaissance d'une application de gestion et d'organisation de conférences. Les clients ne sont autres qu'Adobe, Nvidia, parmi d'autres ! Le système mis en place est un peu particulier, et je dois pour l'instant essayer de corriger les bugs ... Deux jours plus tard, un document de spécification m'est remis et je peux enfin travailler avec un objectif précis. Les horaires officiels sont 9am-5pm avec une pause d'environ 30 minutes à midi. Chacun mange quand il veut, souvent vers 2pm, ce qui me fait bizarre au début, mon ventre émettant des sons étranges dès midi et demi. Mais le vendredi, c'est repas tous ensemble, c'est-à-dire à 8-9 dans un restaurant du coin. En parlant du quartier, c'est un dans Gastown, le quartier historique que je travaille. Les rues sont pavés, les murs sont de briques, et les boutiques de touristes nombreuses tout comme les restaurants. Cela contraste beaucoup avec le reste de la ville, et j'ai plus l'impression de me trouver dans Liverpool que dans une ville de l'Ouest Canadien.

La statue de Gassy Jack, qui a donné son nom au quartier, Gastown

La fameuse horloge à vapeur de Vancouver

La semaine passe vite et voilà déjà le week-end qui arrive. Quel plaisir de le retrouver. Je me rends compte que cela fait presque 6 mois que je n'ai pas travaillé au sens professionnel du terme. Et que les derniers week-ends qui se démarquaient de la semaine étaient ceux du Togo ! J'ai doucement repensé au premier devoir surveillé de physique de ma première année à l'INSA. Le stress s'était doucement accumulé au cours de la semaine précédent ce premier test de mes études universitaires d'un vendredi après-midi d'octobre. Je me suis souvenu de tout ce monde qui sortait, échangeait ses réponses et ses raisonnements dans des pseudo-conversations qui ressemblent plus à des monologues qu'à des échanges constructifs, et qui cèdent rapidement le pas à l'organisation d'un foot sur le terrain de l'IUT ou à une virée rue Sainte-Catherine. Mais ce soir, rien d'aussi fou, juste un repas italien chez des amis Canadiens. C'est BYOB (Bring Your Own Beverage/Beer/Booze/Binouze). Je fais classique : une baguette et un fromage de chèvre feront bien l'affaire pour un chèvre chaud. Un peu de miel sur place apportera la touche sucrée nécessaire. Le choix, la qualité et le prix du fromage me font regretter la France : le chèvre ressemble finalement à de la vache qui rit (couleur et texture) et coute presque 4 euros les 200g ... mais bon c'est comme ça !

Samedi, c'est l'anniversaire de Florian, un gars d'Angers qui fête ses 28 ans dans un bar à un block (une rue) de mon bureau. L'ambiance est bonne, ça bouge bien, mais je m'aperçois que je n'ai plus autant la pêche pour danser, et qu'il faut vraiment que je reprenne le vélo si je veux garder une bonne condition physique.

Dimanche, il fait tellement beau qu'il faut que je sorte. J'appelle Alexandre et Maud, rencontrés à Educacentre, pour leur proposer une ballade à la UBC (University of British Columbia). Alexandre travaille, mais Maud appelle une copine et on se retrouve à l'arrêt de bus, 1 heure de vélo plus tard. On se ballade d'abord sur le bord de mer, et sur une plage sauvage de la pointe de Vancouver, pavée de galets bien ronds et peuplés de bois flotté. Une vraie ambiance de promenade de dimanche après-midi de février, avec un ciel plutôt clair et un froid bien mordant.

Plusieurs yeux, plusieurs bouches, ahhhhh !!!!

On aurait bien voulu bronzer ...

Puis on retourne sur le campus que l'on découvre doucement. Quand je vois les bâtiments de la UBC, je me dis que les bâtiments de l'INSA ont vraiment été construits par des ingénieurs est-allemands ou nord-coréens des années 50 avec un budget digne de celui du CNRS. Je ne sais pas s'ils ont signés un partenariat avec IKEA, mais leurs salles de travail ressemblent plus à la nouvelle médiathèque qu'à une salle de TD du Peigne (préfabriqués des années 60 du cycle préparatoire à l'INSA). C'est grand, c'est lumineux, et on peut voir des portraits des étudiants de chaque promo depuis la création du département concerné. 

Une belle structure bois pour le département ... forestry

Nous sommes rentrés dans le département Wood & Forestry. C'est ouvert le dimanche, et nous avons déambulé dans les couloirs, au son d'une balle de ping-pong et des chuchotement des étudiants préparant leur dernier compte-rendu de TP, courbes et graphiques à l'appui. Ce qui m'a frappé, après l'architecture du bâtiment, c'est le graphique des salaires à l'embauche dudit département. Il crève littéralement le plafond !

J'ai toujours su que j'aurais du travailler dans le bois

Puis guidés par nos estomacs et par notre instinct de survie, nous nous sommes rendus au Starbucks du campus, ouvert pour l'occasion.

Fond de poche ...

Courageux mais pas téméraire, j'ai pris le bus pour rentrer, mon pied et le froid tombé avec la nuit aidant. Ici, les transports en commun acceptent les vélos, bus comme skytrain, ce qui rend la vie bien plus facile !

La semaine qui vient de se terminer s'est déroulée tranquillement, avec des petits hauts et bas. J'ai failli notamment craquer au boulot mercredi, suite une journée passé sur la une mise à jour de mots de passe qui ne fonctionnait pas. Il faut alors que je passe par une remise en question de mes compétences, que je doute et que je ne me sente pas à la hauteur. Heureusement, j'avais demandé à Adrien si je pouvais nager un peu chez lui. Le stress et les doutes sont partis avec les longueurs et les bulles du jacuzzi. Puis je fais un tour au bar, pour rencontrer Matthias, un français qui vient d'arriver et qui cherche un boulot dans le web, en tant que conseiller marketing/e-commerce. On prend une bière, puis par mégarde une deuxième. Le chemin jusqu'à la maison s'avère plus long et que d'habitude, et devant la maison, je lève les bras comme un vainqueur d'étape du Tour de France !

Hier, deuxième week-end de ma nouvelle vie de développeur, et on m'a proposé d'aller faire des raquettes à Cypress Mountain. L'appel de la neige, de la sueur et du grand air sont les plus fort et je suis à 9h30 chez Morgan et Brad, deux amis Canadiens. Les préparations sont un peu plus longues que prévues et on décolle à 11 heures. A 11:30, on est au pied des départ de rando, mais il nous faut louer les raquettes avant. 21 CAD la paire, c'est pas donné, mais tant pis ... On marche un peu et on s'arrête au bout d'une demi-heure pour manger. On repart, mais au bout de 30min, Morgan voudrait faire demi-tour, son genou la gène. Je sais que le "sommet" est 200m plus haut, que ça n'est pas le bout du monde, et quand je vois passer un groupe en jeans, je me dis que si je ne vais pas en haut, je ne pourrais plus me regarder dans la glace ! Alors on se sépare, on règle tout ça en 40 minutes et l'honneur est sauf : ouf ! 3 heures de raquettes, ça n'était pas le bout du monde. A la descente, j'enlève mes raquettes, la neige est tellement tassée par les nombreux passages qu'elles ne sont pas vraiment nécessaires. Et puis c'est plus drôle de faire du toboggan !

Samedi soir, je suis finalement mort, je dors, je dors, et je termine la série des Invicibles saison 2. C'est les histoires de quatre potes, c'est diffusé par Arte, ça se passe à Strasbourg (des voitures immatriculé 67, ça touche, même si c'est pas 68), et ça fait assez d'arguments pour être regardé. Aujourd'hui, gros rangement, je rédige ce post, et l'air de rien ça me prend un peu de temps ! Je fais quelques courses au Superstore, et le soir, on partage un bon repas avec des amis français rencontrés à Educacentre, mais aussi des amis d'amis. Voilà, je suis d'attaque pour commencer cette nouvelle semaine !

lundi 21 février 2011

"Vancouver ? Non, je préfère la montagne"

Bon, quand j'entends ça, je me dis que j'ai failli dans ma mission : présenter la ville dans laquelle j'habite, et le cadre dans lequel je vis.


Il n'y a pas que des érables !

Océan, ville, montagne, le tiercé gagnant

Alors, pour la peine, je vous ai concocté une petite synthèse des principales données de la ville.

On peut dire que Vancouver est la ville du 3. Pourquoi donc ?
  • 3ème ville la plus peuplée du Canada : 2 200 000 habitants dans l'agglomération urbaine, derrière Toronto (5,1M) et Montréal (3,6M)
  • 3 stations de ski à moins d'une heure de voiture, et desservies par les transports en commun (Whistler se trouve à 130km, moins de 2 heures)
    • Seymour Mountain
    • Cypress Mountain
    • Grouse Mountain 
  • 3ème communauté chinoise d'Amérique du Nord, derrière New York et San Francisco
  • 3ème ville d'Amérique du Nord en proportion d'habitants né à l'étranger (37,5%), derrière Toronto (43,7%) et Miami (40,2%)
Sauvez Willy ! (version numérique)

Vancouver porte aussi le nom de Hollywood du Nord, et de nombreux films et séries y ont été tourné. On peut se retrouver au milieu de camion et de projecteur, pour des films comme Twilight ou Mission Impossible 4 Stargate, Smallville.

Son climat est le plus doux pour le Canada,
  • 1200mm de pluie par an (autant que Brest)
  • 10,5 °C de moyenne (11,7 pour Lyon et 6,2 pour Montréal)
  • 48,2 cm de neige par an
    Allumez le feu !
    Whistler, la station de ski qui a accuelli une partie des Jeux Olympiques d'Hiver 2010. Elle est considérée comme "World's Greatest Ski Resort." devant Kitzhubel en Autriche, Zermatt en Suisse, Vail dans le Colorado, Banff au Canada et Chamonix et fait souvent partie du top 3 mondial.
    Askmen Top 10 - Top des stations de ski - Top 10 des stations de ski les plus chics

    Whistler Blackcomb - on dirait qu'il y a de quoi faire !

    Mais cet ensemble de statistiques ne peut à lui seul décrire cette ville. C'est l'Ouest, c'est l'innovation, c'est dynamique, ça bouge mais dans une ambiance très outdoor, on fait la fête jusqu'à minuit/une heure pour aller randonner le lendemain matin. Peu de tradition et d'histoire, peu de standards, mais beaucoup de start-ups, d'avocat en sandales (?), de sushis, de SDFs, de pistes cyclables, de maillots des Canucks ...

    J'ai encore beaucoup de choses à découvrir, mais qu'on ne me dise plus : "Vancouver ? Non, je préfère la montagne !"

    mercredi 9 février 2011

    Les lumières et les ombres de la ville part. II

    Voici donc comme promis, un peu plus de détails sur mon habitation des 4 prochains mois.

    Une paisible maison de banlieue (avec un bonus dériveur !)

    Le salon, avec une bonne chaîne hifi (important !)

    La grande cuisine, pour des bons repas français

    La baignoire ? on s'y fait !

    Ma chambre (non le MacBook n'est pas à moi)

    Pour 530$ par mois à Vancouver, je ne suis pas trop mécontent. Les propriétaires, qui ont une autre maison à Princeton, BC et à Palm Spring, CA ne reviendront de Californie que début avril, ce qui laisse pas mal de liberté jusque là. Je parlais du dériveur, en effet, Patrick, le propriétaire, a un petit dériveur sur une remorque, et en a déjà fait avec Niels dans la baie des Anglais, à côté du Stanley Park. En fait, nous sommes pour l'instant 2 à l'étages, Hoon et moi. Hoon est un Coréen qui habite ici depuis 2 ans, et qui travaille dans la même boîte que Benoît (chez qui je logeais avant). Dans le basement (la cave), sont logés 3 autres personnes, pour un tarif un peu plus avantageux. Ils sont totalement indépendants, et je ne suis descendu que pour me présenter et remettre les plombs en place. Comme l'immobilier est très cher, c'est une pratique courante d'aménager sa cave et de la louer en collocation : la plupart des appartements que j'ai visités étaient en fait des basements.

    Niels, Hoon, moi et Adrien autour d'un bon plat de spaghettis

    Ne vous inquiétez pas, on va bien s'entendre !
     
    Dans la semaine, j'ai envoyé pas mal de resumes, environ 4 par jours, assez ciblés. Mais faute de réponses, je commençais à sérieusement tourner en rond. Mon pied me fait toujours mal, et je ne peux pas me dépenser comme je voudrais en allant courir ou faire du vélo. Et puis passer la journée seul sur l'ordinateur, au bout d'un moment ça démoralise. Alors les questions existentielles arrivent : qu'est ce que je fais là ? pourquoi j'ai décidé de faire mon stage maintenant ? est-ce que j'ai le niveau ? qu'est ce que je vais faire si mon pied continue à me faire mal ? et si je trouve pas de boulot ? je vais finir seul et misérable ... Heureusement, Hoon est là et je peux un peu en parler. Je sors aussi prendre l'air et ça me réveille un peu.

    Finalement, jeudi soir, première demande d'entretien : c'est la délivrance ! Vendredi, un coup de fil, et bim, deuxième entretien. A peine raccroché, je saute au plafond et cours dans toute la maison : j'ai un sourire jusqu'aux oreilles.

    Alors, maintenant, pas de panique, il faut bien préparer tout ça. Je profite de cette dynamique pour aller chez le coiffeur. Une chinoise s'en occupe très bien pour 8$ et j'ai maintenant le physique de l'emploi. Il faut aussi que je passe la frontière pour enfin valider mon PVT.  Donc samedi, je prends le Greyhound bus jusqu'à Bellingham qui se trouve à environ 80kms. En attendant le bus, je tombe sur un Allemand de Munich. Un vrai Bavarois ! Fervent supporter du Bayern, un accent à couper au couteau (même en anglais) et chauvin au possible ! On parle de foot pendant 2 heures comme deux bon européens, enfin c'est surtout lui qui parle, moi j'écoute !

    A la frontière, c'est tout un ensemble d'infra-structures qui nous accueille. On doit sortir du bus sans rien oublier, remplir un petit carton, faire la queue, répondre au douanier et son regard interrogateur, remplir un autre petit carton, payer 6$ US et on peut enfin retourner dans le bus. Forcément, un douanier m'approche et me fouille mon sac. Il tombe sur mon appareil photo, avec la capsule de Marilyn, et commence à se poser des questions. Il montre ça à sa collègue, mais finalement ça passe, et je suis le dernier à monter dans le bus. Je dis en rigolant au chauffeur : "Je m'étais rasé pourtant ce matin !".

    Avec le retard de la frontière, je n'ai que 2 petites heures à passer à Bellingham, c'est vraiment peu. Je prends un bus pour aller au centre et manger un bout. Je me retrouve dans un petit café/restaurant très chaleureux, végétarien, avec des serveuses très sympathiques et un petit soleil d'hiver qui traverse les grandes vitres. Comme d'habitude, je me rends compte que je suis à la bourre, et que je dois quitter le restaurant. Le Greyhound bus est à 15h50, il est 15h05 et la navette circule toute les demi-heures. Dans le pire des cas, il part à 15h10 et à 15h40 et il faut que j'attrape celui de 15h10. Manque de pot, le pire scénario se produit (Murphy quand tu nous tiens), et je rate celui de 10. Mon stoïcisme, ma blessure et mon dédain me forcent à rester et attendre celui de 40. Je lis pour passer le temps un bouquin de Steinbeck, qui va visiter la Russie en 1948 avec son pote Robert Capa, photographe renommé. Je monte dans la navette, et commence à stresser tout doucement, mais juste ce qu'il faut, pas plus ! Et là, comme à Jasper, le miracle se produit. Le chauffeur va monter dans le bus, tout le monde est à bord quand j'arrive. Il vérifie mon passeport et en voiture Simone !

    La NASA aurait-elle choisit Bellingham pour son nouveau programme spatial ?


    Dimanche, j'oscille entre la préparation de mes deux entretiens, connaissance générale et technique, et le Super Bowl XLV qui voit s'affronter les Packers de Green Bay et les Steelers de Pittsburgh. C'est long alors je ne regarde pas tout, mais ce sont les Packers qui l'emportent 31-25. Ce qui est surtout impressionnant, ce sont les foules que ça déplace, la promo qui est faite autour de l'évènement, le concert de la mi-temps. Ce sont les Black Eyes Peas qui s'y sont collés et ça ressemblait à une cérémonie d'ouverture de Jeux Olympiques.


    Lundi, je suis prêt, j'enfile une chemise, me rase une dernière fois, et prend le skytrain direction Downtown un peu stressé. Je stresse un peu mais finalement je me dis qu'il n'y a pas de raison et comme je suis carrément en avance, je circule un peu de le quartier de Gastown, et découvre le vieux Vancouver, avec ses rues pavées, ses immeubles de briques rouges, ses magasins de souvenirs et son horloge à vapeur. L'entretien se passe bien, je maitrise mon sujet, du moins j'en donne l'impression et l'anglais ne me pose pas de difficultés particulières. Je ressors heureux, le sourire aux lèvres, la démarche presque légère, un fort vent soufflant dans les rues de la ville.

    L'après-midi, pas de temps à perdre, je me lance dans la (re)découverte du PHP, un langage de programmation que j'avais utilisé en stage il y a maintenant presque 2 ans. Mais l'après-midi passe vite, et j'ai un rendez-vous Meetup Ruby on Rails à 7pm PT (oui, je suis déçu, plus de 19h ici). PT signifie Pacific Time, après c'est MT pour Montain Time (-1), CT pour Central Time (-2), ET pour East Time (-3) et même AT pour Atlantic Time (-4) mais que pour la Nouvelle Ecosse, Terre Neuve et Labrador. Mais je suis sûr que Meetup Ruby on Rails ne vous parle pas beaucoup plus.

    Alors commençons par le commencement : un Meetup c'est une sorte de rencontre autour d'un thème donné. Et les personnes intéressées s'inscrivent et se retrouvent pour partager sur ce thème. Le site internet associé rassemble tous les meetups, dans toutes les grandes villes d'Amérique du Nord, et c'est un excellent moyen de rencontrer des gens qui ont une passion commune. Et ça dépote ici à Vancouver ! www.meetup.com

    "Agissez, apprenez, partagez, changez"

    Et le Ruby on Rails, c'est un framework (sorte de cadre de travail/boîte à outils) qui permet de faire des applications/sites web très simplement, et avec lequel j'ai travaillé brièvement à ETIC, la junior entreprise de l'INSA.

    Comme sur des ...
     
    Alors j'ai juste le temps de passer à la bibliothèque, m'inscrire et retirer 3 DVDs dont "Entre les murs", avant de sauter dans la skytrain et d'arriver au pied de la Harbour Tower Center dans Downtown. Nous sommes 2 à arriver juste à l'heure, et un japonais, l'organisateur en l'occurence, nous donne un lift jusqu'au 16ème étage. Et c'est parti pour 30 minutes de conférence sur "Comment faire un meetup qui déchire !". Moi qui m'attendais à quelque chose de technique, je suis bien surpris. Mais en fait, le but de cette conférence et de nous pousser nous, l'audience, a organiser et à présenter quelque chose lors du prochain meetup. En tout cas l'ambiance est très bonne, et les remarques à la fin sont très constructives. Le chef d'entreprise (CEO pour Chief Executive Officer) de noomii.com, un site de coaching personnel, propose de payer son coup au bar du coin, le Steamworks (où j'étais allé avec Bruno, l'ancien INSA), et propose de recruter les gens intéressés. De la bière et une nouvelle opportunité de stage, que demande le peuple ? On descend tous au bar, et ça discute de tous les côtés. On s'échange des cartes de visites. Je rencontre un français de Lille, qui a monté un site de hockey amateur, pour la gestion de réservation de patinoire entre autres. Et ça marche bien ! www.hockey-community.com . Je vais aussi discuter avec Kurt, le CEO en recrutement. On discute un peu, et il me laisse son email sur ma dernière carte de visite, tant mieux, tant pis ! 

    Je reste avec Paul et un copain à lui, tous deux de Calgary, pour finir les dernières bières. C'est incroyable comme c'est dynamique, que les idées fusent, et que les bons concepts explosent. La dernière idée de Paul est grosso modo un chat en live simplifié. Mais je n'en dit pas plus, on verra dans quelques mois !

    Ce matin, nouvel entretien à l'autre bout de la ville, à la Simon Fraser University. Le campus se trouve en haut d'une colline, cernée par les arbres. Ca me rappelle l'ambiance de l'université des Rivières Pourpres, perdu dans les Alpes. Elle a aussi servi de décors pour Stargate SG1 ou encore The X-files. Cette fois-ci c'est pour hiretheworld.com, une startup de crowdsourcing dans la création de logo et design pour l'instant, mais de pub dans un avenir proche. Le crowdsourcing c'est l'utilisation de la créativité et de l'intelligence d'un grand nombre pour l'externalisation de tâches. Ici, une entreprise qui cherche à avoir un nouveau logo lance un concours avec un cahier des charges et un prix. Chacun est libre d'envoyer le ou les logos qu'il a crée. L'entreprise choisit le meilleur logo et son créateur gagne le prix. 

    Bon je mets un peu de temps à m'y retrouver sur ce campus géant, mais je suis bien à l'heure et rencontre Doug, le CEO de la boîte. Très sympa et très dynamique, il me questionne un peu sur mon parcours et mes expériences. Puis, il sort un petit questionnaire pour pouvoir évaluer mon niveau technique en PHP, html et css. Il me tend deux stylos, des feuilles blanches et c'est parti ! Variables globales, MVC, Active Record, programmation orienté objet, affichage html, et problème de synthèse, tout y passe ! Niveau concept, je me débrouille pas mal, mais dès que j'attaque le html, plus rien ... Heureusement, je pense m'en être sorti au niveau du problème. L'heure tourne et je rends la copie. On discute encore un peu et on se salue.

    L'après-midi, je reçois un mail disant que compte-tenu de mon niveau en PHP et de la courte période de temps pour laquelle je postule, ils ne retiendront pas ma candidature. Tant pis ... mais de toute façon, c'était un peu loin !

    Toujours est-il que depuis deux jours, je rencontre beaucoup de CEO et d'entrepreneurs, et je commence à me poser des questions. Pour moi, l'informatique, c'était le boulot et ça finissais dès que je rentrais chez moi. Je veux dire par là que je ne me focalisais pas dessus et que ça n'était pas un espace de créativité pour moi. Mais au contact de tous ces gens, je commence à réaliser qu'il y a son épingle à tirer du jeu, et qu'en s'y penchant un peu plus, il y a vraiment un univers à découvrir, des concepts à réinventer. Et que Vancouver est le bon endroit pour se lancer !

    mercredi 2 février 2011

    Les lumières et les ombres de la ville part. I

    Et voilà, je suis à Vancouver. Je redécouvre des grands immeubles, à travers de grandes vitres des salles de sport, des portables, des gens pressés et même des gens tout simplement. Pendant les 2 mois au ranch, je n'ai rencontré que très peu de nouvelles personnes, alors de retour en ville, on regarde partout, les yeux écarquillés.


    Mon lit de passage, mon sac et mon lasso

    Après le délicieux repas de la veille, la liste des choses à faire est grande :
    • peaufiner le resume (CV) et la cover letter (lettre de motivation)
    • décrocher un stage
    • trouver un appart
    • acheter un vélo
    • faire le tour du poteau (passer la frontière et revenir) pour le Permis Vacances Travail
    • aquérir un portable
    • ouvrir un compte en banque
    • s'abonner à la bibliothèque
    • se déclarer au consulat
    • trouver un groupe scout 
    • chatter sur Facebook
    • discuter sur Skype
    • rencontrer du monde
    • ne pas se re-blesser ...

    Et oui, ça fait beaucoup ! Donc jour après jour, je m'avance dans mes tâches et ce n'est pas toujours facile. Heureusement, Internet est là, et mon meilleur ami est le site  http://vancouver.en.craigslist.ca/. On y trouve tout sur tout : des offres d'emplois, des collocs et des chambres à louer, des vélos, et même plus si affinités.


    Pour le vélo, je tombe sur une annonce avec plusieurs vélo au sud de Richmond (qui est déjà au sud de Vancouver) et je décide de tenter le coup. Après avoir pris le skytrain (métro aérien) jusqu'au terminus, je prends un bus et j'arrive enfin dans un lotissement pavillonnaire. Après 10 minutes de recherches, je tombe enfin sur la maison. C'est un couple de retraité m'ouvre et je découvre une bonne vingtaine de vélo, bien protégés, dans leur petit jardin ! Un atelier couvert se trouve au fond de ce dernier, avec tous les outils nécessaires et une guirlande en guise de lumière. Après plusieurs essais sur plusieurs vélos, c'est le premier que je retiens : un magnifique course argenté qui me rappelle tellement mon vélo rouge, en meilleur état ! Je paye la "modique" somme de 225$ et j'enfourche ma nouvelle monture. Il faut que je roule au nord, mais jusqu'à ce que j'arrive de nouveau chez Rita et Benoît. L'air de rien la route est assez longue, et je passe sous les avions qui atterrissent à l'aéroport et sur des ponts 2x4 voies qui enjambent des bras du Pacifique, et la nuit, bien que j'ai des lumières, ça n'est pas très rassurant. Enfin à la maison, je regarde sur GoogleMap (qui est devenu mon grand ami !) quelle distance j'ai faite. Résultat 20km ! Pas trop mal pour une petite ballade du soir !

    La bête de course

    Les jours passent, j'ai des opportunités d'apparts : soit trop cher, soit trop loin, soit trop petit (partager le salon d'un 2 pièces avec un Mexicain, on a vu mieux !).
    Samedi soir, c'est enfin la teuf' ! Rita et Benoît, tout fraîchement revenus du Brésil d'où Rita est originaire, ont rapporté des spécialités et décidé d'en faire profiter leur amis lors d'une grande soirée brésilienne. C'est la première fois qu'il y avait autant de monde dans leur appart ! Pour ma part, j'ai participé aux préparatifs en gonflant des ballons verts et jaunes, mais surtout en réalisant 2 galettes des rois. 

    Rita et Benoît, mes chers logeurs
    Les gens commencent à arriver, et sont originaires de partout : France bien sûr, mais aussi Allemagne, Australie, Angleterre, Etats-Unis et fatalement Canada ! Beaucoup d'entre eux travaillent au labo avec Rita. Chacun a apporté une spécialité brésilienne et le buffet est vraiment plein. On discute, on danse, on fait quelques tours de magie, ça fait plaisir. Finalement, on ne se couche que vers 4h du matin, bien fatigués !


    Dans toute soirée qui se respecte, on danse la Macarena...

    ... et l'on rencontre des gens de partout !

    On passe la matinée à ranger et nettoyer. Au Canada, on ne mets pas les canettes et les bouteilles à recycler : il suffit de les poser à côté de la poubelle et les sans-abris viennent les rassembler pour récupérer la consigne. Benoît découvre la fève dans l'unique et dernière part de galette qui restait : il est immédiatement sacré roi !

    Dimanche, je rencontre un franco-norvégien, Niels, qui va bientôt quitter Vancouver après un an de bons et loyaux services, pour rejoindre la Nouvelle-Zélande en passant par la Californie. Il libère sa chambre et ça peut être une bonne opportunité pour moi. Un peu éloignée du centre, mais à 3 minutes du Skytrain. Je rencontre d'autres français, et surtout quelques Alsaciens ! En rentrant à 2h du matin alors qu'il pleuvait, j'ai crevé sous un pont. Serein, je sors mon matériel de réparation, démonte la chambre à air, identifie le trou, mais au moment de mettre la colle, je m'aperçois qu'elle ne contient ... que de l'air. Je passe donc la dernière demi-heure à marcher ...

    Lundi, la semaine reprend de bon pas puisque je me suis inscrit au collège Educacentre. C'est un centre de formation francophone qui, en plus de proposer des cours d'anglais, donne gratuitement des cours de recherche de travail. Je croyais être fin prêt avec mon CV, mais il y avait encore beaucoup de choses à modifier pour le mettre à la forme canadienne. Par exemple, leur première partie s'appelle Profile et il s'agit d'une sorte de résumé du resume sous forme de liste à puces, dans laquelle on énumère brièvement ses compétences. De plus, il est très important ici d'avoir des références, c'est-à-dire des personnes que le recruteur peut appeler pour vérifier les précédentes expériences. Donc lundi je commence avec l'atelier CV, puis mardi matin c'est la clinique CV, pour bien le soigner. L'après-midi, c'est un atelier sur l'entretien téléphonique. On joue des jeux de rôles et c'est un très bon entraînement pour la suite. Mercredi, on attaque la cover letter que j'avais déjà commencé mardi. Bref, mercredi soir, je suis fin prêt pour me lancer dans la grande aventure des candidatures.

    Toujours est-il que la chambre de Niels me paraissait un peu chère, j'ai donc visité quatre autres appartements/collocations pour m'apercevoir qu'elle valait finalement bien le coup.

    Entre temps, j'ai contacté des anciens INSA sur Vancouver que Baptiste, un ancien chef scout, m'avait procurée. Sur les 8 que j'ai contactés, tous ont répondu, avec plus ou moins de propositions. Toujours est-il que je suis très content de ce résultat, et que ça fait plaisir de sentir qu'on appartient à une grande famille.

    Vendredi soir, je vais même manger avec l'un d'eux, Bruno, et sa copine Mélanie. On mange un bon hamburger dans un super restaurant, le Steamworks. On parle du bon vieux temps à l'INSA, de l'expatriation, de Vancouver et des voyages en général. Puis on passe dans un bar sympa où l'on boit un dernier verre. Une très bonne soirée en somme !

    Samedi soir, Niels organise sa dernière soirée, et c'est l'occasion de sortir un peu. Je retombe sur des gens qui étaient à la soirée brésilienne et me rends compte que le monde est bien petit ! C'est aussi l'occasion de découvrir d'autres expériences, et pourquoi pas trouver un stage ! Un Allemand sort une guitare, et grâce à celle de Benoît, je retrouve un peu les morceaux que j'eus connus.

    Dimanche je vais courir pour la troisième fois après mon entorse du mois de septembre. Il fait vraiment beau et j'en profite donc pour aller au Stanley Park, LE parc de Vancouver, cerné par l'océan. Au bout de 5 km je ressens une douleur dans le mollet. Je me dis que ce n'est que musculaire, mais le soir même, c'est la voûte plantaire qui se réveille, ça ressemble à une fasciite plantaire. C'est vraiment pas cool, et je crois qu'il va me falloir pas mal de repos ... D'autant plus que dans 4 mois, j'attaque le vélo. Il ne faudrait pas que ça vienne contrarier mes plans.

    Lundi, je commence enfin à poser ma candidature dans les différentes boîtes que j'ai repérées. Une fois le processus lancé, c'est parti, plus rien ne m'arrête (sauf Mozinor peut-être). Niels, grâce à son boulot, a une BMW série 5 de fonction. Il travaille pour un couple d'Egyptiens, et s'occupe de les conduire et de vérifier l'administratif. Mardi, c'est son avant dernier jour, alors il nous emmène, Adrien (un français qui travaille aussi pour l'Egyptienne) et moi faire un tour au Lighthouse Park, puis à Cypress Montain, une station de ski qui a abrité des épreuves des jeux olympiques, à à peine 45 minutes du centre de Vancouver.

    Niels, moi et Adrien profitant du beau temps

    Le vent souffle un peu fort par ici !

    Je dévoile enfin son nom : Marilyn !

    Dans le prochain épisode, ne manquez pas la recherche de stage, ma nouvelle chambre et les premiers entretiens !