La dernier jour arrivant bien plus vite que prévu, il a fallu que je m'organise pour réaliser mes dernières volontés au ranch, dont un repas français, un dernier sweat, un jour de ski à Sun Peaks et une nuit en bivouac.
Jeudi, je pars donc avec Wayne, le mari de Michelle qui fut scout dans son enfance à la recherche d'un bon endroit pour un bivouac et de sapin (pas de pin !) à branches basses pour monter mon abri. L'après-midi passe vite, et après avoir roulé en 4x4 dans 30cm de neige fraîche, nous ne trouvons un bon endroit que vers 16h à côté d'un chemin du ranch. Vite, il faut que je m'organise avant que la nuit tombe. Prévoyant, j'avais fait mon sac le matin, mais sans repas et sans outils. Wayne me prête scie et hâche, et je passe chez Trish récupérer papier alu, patates et chamallow. La nuit est déjà tombée quand j'arrive en motoneige à côté de l'endroit potentiel. Je marche un peu et découvre bientôt l'endroit idéa : 2 sapins qui ont protégé le sol de la neige et des bosquets d'arbres morts, qui me seront bien utiles pour le feu. Pas de temps à perdre, je me mets à la recherche de perches pour monter la structure de base de mon abri. Une heure, 6 perches et 10 brelages plus tard, la base est en place. Il s'agit maintenant de couper un bon nombre de branches de sapin afin de recouvrir tout ça. A première vue, ça paraît facile, mais les branches sont souvent pauvres en épines, ou pas accessibles sans grimper. Finalement, j'ai mon petit chez moi au bout de 2 heures de travail, et ça a de la gueule ! Je cherche mon sac et mes affaires que j'avais laissées au motoneige, et je démarre un petit feu, pour me réchauffer, et manger bien sûr. J'enroule deux pommes de terres dans du papier alu que je glisse dans les braises. A l'aide d'un petit bâton, je déguste un camembert canadien acheté il y a un mois, que j'avais laissé "vieillir" dans le frigo et dont Maike ne parvenait pas à découvrir la finalité. Je m'installe sur un petit tronc, et commence à déguster les pommes de terres, bien cuîtes dans l'alu, avec le fromage coulant et légèrement grillé : quel régal ! Puis j'enchaîne avec une banane (non sans chocolat, je sais ...) cuite elle aussi dans les braises, et c'est toujours aussi bon. Quelques traditionnels chamallows terminent ce simple mais délicieux repas trappeur. Une dernière flambé pour me réchauffer et je me glisse dans mes deux sacs de couchage, et m'endors rapidement sous les nuages glissant lentement au dessus des sapins et laissant apparaître de temps en temps une lune presque pleine.
On rêve tous d'aménager son chez-soi ! |
Je me réveille vers 8h, signe que je n'ai pas eu trop froid. J'apprendrais plus tard que la température était comprise entre -8°C et -10°C. Il faut maintenant sortir de ce cocon bien chaud, tout ranger et retourner travailler. J'enfile mon pantalon, mon pull, et en voulant rentrer dans mes chaussures, je m'aperçois qu'elles ont gelées et qu'elles sont dures comme de la pierre. Une seule solution : rallumer un petit feu pour ramollir tout ça. Aussi tôt pensé, aussitôt fait, et me voilà en train de tenir mes deux chaussures au dessus de feu ! Une fois que je peux rentrer dedans, je range tout et quitte ce petit bivouac, qui m'a si bien accueilli pendant une nuit. Je prends quelques photos avec le motoneige et quand je démarre, je m'embourbe dans la neige : plus possible d'avancer ni de reculer, ça patine. C'est marrant, quand j'essaye de faire le malin sur une photo, il faut toujours que je galère un peu après, juste pour apprendre la modestie il semblerait ! Je suis donc à quatre pattes dans la neige, en train de dégager la chenilles avec mes moufles. Marche avant, marche arrière, tout le poids sur l'arrière et j'arrive enfin à mettre sur la route dégagée, à ... 1 mètre à côté !
Ma fidèle monture ! |
Je bosse un peu le matin au ranch, mais j'ai en tête le repas français que je veux faire le soir même, et auquel j'ai invité tout le monde : Trish & Kerry, Redwillow, Donna & Derryl, Michelle & Wayne, mais aussi Christina la comptable et David un ami de Kerry. Au menu, j'ai prévu :
- Salade choux rouge - pommes - noix (de Grenoble bien sûr)
- Gratin dauphinois - fagot de haricots au lard - pavé de bison du ranch sauce Strogov
- Galette des rois avec pâte feuilletée faite maison
Michelle m'amène faire les courses dans l'après-midi à Logan Lake, et je suis à la maison à 15h, le repas commençant à 18h, je vais devoir m'activer. Je commence par la pâte feuilletée, car elle demande un travail de 5 minutes toutes les demi-heures pendant 3 heures. Entre temps, je vire le sapin et les décorations de Noël, passe l'aspirateur, fait la vaisselle, découpe le choux rouge et les pommes de terre, etc ... A 18h, je suis dans les temps, et Michelle est la première, sans Wayne que ne peut pas venir. Elle me donne un bon coup de main et quant Trish, Kerry, David, Donnay et Redwillow sont là, c'est prêt. La salade passe bien et on attaque le gratin avec les haricots. Ils sont ravis et sont étonnés par chaque recette ! Le bison avec la sauce et le vin rouge chilien sont un nouveau délice. Avant le dessert, je fais une photo pour Maike, qui a quitté le ranch le 5, pris l'avion le 10 et a eut son anniversaire le 12 janvier.
Joyeux anniversaire Maike ! |
Je sors la galette un peu tôt, et comme le veut la tradition, c'est le plus jeune qui passe sous la table pour répartir les parts, en l'occurrence Redwillow. Pas de roi au premier tour, et il reste deux parts. Ca va se jouer serré en Redwillow et moi : pas de quartiers ! Et c'est elle qui découvre la pièce de 1 cent que j'avais glissée dans la pâte : bravo ! Donna et Michelle me donne un super coup de main pour la vaisselle, et chacun rentre chez soi ravi !
Comme tous les samedi, je vais au sweat lodge, mais là c'est la dernière fois. Quel dommage ! En tout cas, j'ai vraiment beaucoup apprécié cette expérience, les gens que j'ai rencontré et nous nous donnons rendez-vous en juin, quand je repasserai avec mon vélo !
Et là, au lieu de rentrer au ranch, Dave un prof de maths à Kamloops et amis des membres du sweat lodge (sans y participer), vient me chercher et m'amène chez David, membre actif du sweat. En fait, au dernier sweat, on avait parlé ski et rando avec David, et je lui avais demandé si par hasard on pouvait aller skier ensemble. Il m'avait d'abord répondu qu'il ne pouvait pas, mais a finalement trouvé une combine avec Dave et tout s'est bien goupillé. Je me retrouve donc seul dans la maison de David. C'est le genre de maison que j'aime beaucoup : de plein pied, très cosy, un peu à la danoise ou à la hollandaise. Les murs sont caca-d'oie, le sol est en parquet ou moquette. Le séjour est à lui seul l'image de la maison et du style de David, que je découvre peu à peu : pas de télé, une bonne chaîne hi-fi et quelques CD, un fauteuil agréable et quelques abat-jours, une bibliothèque bien remplie de livre de voyages, de finances de ressources humaines. Je m'empare rapidement de l'un de ces livres que je survole rapidement. Une petite faim m'amène dans la cuisine, au sol en damier blanc et noir, un plan de travail central et de casseroles suspendues au dessus. Du vrai Marie-Claire maison ! Mais la fatigue l'emporte et, après une douche, m'endors dans un lit bien chaud.
David et Dave préparant le lancement du ballon |
Le lendemain, je me réveille à 7h30 et David se réveille en même temps. En plus de me préparer le petit-déjeuner, il me fait le repas de midi : de bons sandwichs salade/poulet. Dave vient me chercher, et nous prenons la direction de Sun Peaks. En route, je m'aperçois que j'ai oublié mon argent, et Dave fait demi-tour sans râler et en me rassurant : j'en suis tout confus ...
Une fois à Sun Peaks, avec mon argent, je paye la location et le forfait en une seule fois : 125 CAD. Bon c'est un peu cher, mais il faut en profiter. Dave fait du snow, et après une première descente un peu difficile (chaussures mal serrées et neige un peu collante), je retrouve mes repère et en profite à fond. Dave me fait visiter tout le domaine, et je termine avec un petit hors-piste sinueux sous le télésiège. Nous mangeons chez David et c'est lui qui me ramène au ranch. Je lui suis vraiment très reconnaissant pour tout ce qu'il a fait pour moi ! Le voyage place parfois sur mon chemin des personnes qui valent de l'or, et il en fait partie.
Lundi, c'est le départ pour Vancouver ... Kerry me réveille à 7h30 et me dit que je dois prendre le bus de midi à la place de celui de 17h. Branle-bas de combat ! Je range, fais mon sac, termine une lessive, fais la vaisselle, brûle le sapin, retire les guirlande extérieures, passe l'aspirateur ! Ouf, c'est bon je suis dans les temps. Mon sac m'arrive jusqu'au nombril quand il est posé, et j'aime beaucoup la marque cow-boy du lasso accroché à l'extérieur, il me permettra d'ailleurs de faire une belle rencontre par la suite ! On passe à la maison principale, je dis au revoir à Trish, puis à l'écurie. Seule Donna est là, et je la serre fort dans mes bras. Elle a beaucoup compté pour moi, et a souvent pris le temps de bien m'expliquer les choses et nous avons des discussions intéressantes. Michelle n'est malheureusement pas là, et je ne pourrais pas lui dire au revoir.
Chien de traîneaux, équitation, vie dans les bois, belles lectures ! |
Sur la route de Kamloops, je colle ma joue contre la fenêtre et regarde une dernière fois le ranch enneigé, dont les paysages me sont maintenant si familier. Je n'arrive pas à distinguer le bivouac où j'ai passé la nuit, pourtant peu éloigné de la route. Le ciel est bleu, les nuages comme des plumes qui s'allongent. Il y a 2 mois jour pour jour que j'arrivais de nuit et découvrait la campagne canadienne. Nous descendons sur Kamloops, noyé dans le brouillard pour rejoindre la station Greyhound. Dans la file d'attente je rencontre une charmante jeune fille qui a remarqué mon sac de rando (comment ne pas s'en rendre compte ?!) et le fatal lasso. Nous passons le voyage à discuter et les 4h15 de bus ne me paraissent que 20 minutes. Elle est prof de yoga, vient de Bosnie (j'avais compris Brésil Bosnian/Brazilian) et habite sur Vancouver Island. On prend un café en arrivant et elle rejoint une copine à qui elle a donné rendez-vous. On échange nos coordonnées, et si j'ai le temps, je passerai lui-rendre visite, elle loge dans une maison qui donne sur le Pacifique. Mais il faut que je me dépêche, elle part mi-mars pour le Mexique.
Je suis maintenant dans l'appart de Benoît et Rita, que je retrouve après deux mois. Ils m'accueillent comme de bons français, avec un poulet à l'ail, et une purée pommes de terre carottes, le tout avec une baguette et un bon rouge. Vancouver, me voilà !