dimanche 10 juillet 2011

La route des Glaciers - Part 2

 C'est dur de se lancer sur une route que l'on connait deja. On connait sa longueur, ses cols et ses montees. Mais c'etait le prix a payer pour venir jusqu'ici !

 Je me suis leve en meme temps que Jef, j'ai prepare mes affaires, change une chambre a air dont la valve etait cassee, et j'ai decolle sans oser reveiller Annie, qui dormait encore. Je suis rapidement passe a un magasin de velo, pour etre sur que tous mes pneus etaient bien gonfles, particulierement celui de la remorque. Je me suis senti leger avec ces frottements minimises.

Columbia Icefield 102km, Lake Louise 220km : je connais le programme !

J'ai pris une derivation de 23km pour commencer, histoire de changer de paysage. Puis je suis tombe sur un Allemand qui venait juste de quitter Jasper. Sa particularite, rien sur son velo, tout dans sa remorque. Et quand je dis tout, c'est tout ! Tu le prends sortant de l'aeroport et tu remplis sa remorque avec ses deux sacs, son sac photo, et un bidon de 10L d'eau. Le pauvre, il avance a 9km/h sur du plat, je me demande comment il va s'en sortir ! Mais il est d'attaque, et il faut bien apprendre !

Je lui souhaite bien du courage !

La montee vers Columbia Icefield est plus dure que je ne le pensais, et surtout parce qu'elle est raide. Je m'arrete, surveille mes genoux, zig-zag sur la bande cycliste quand elle est assez large, et arrive de nouveau au grand centre. Je veux profiter d'une petite barre cereale sur la terrasse, quand une grosse averse se met a tomber. Je discute donc avec un Indien (d'Inde) qui n'a pas voulu suivre sa famille sur le glacier. C'est un gars tres interessant et interesse, avec qui j'ai eu du plaisir a discuter. L'averse terminee, je reprends la route. Et au lieu de m'arreter sagement au prochain camping, je decide de pousser de 40km de descente. Au final, j'arrive au camping fatigue, mais content de tomber sur une Sud-Africaine qui se lance aussi a velo, pour seulement quelques jours. Elle a aussi essayer de trouver du travail sur Vancouver, mais sans succes pendant 5 mois : dur ! Au petit-dejeuner, on rencontre un anglais moustachu avec de long cheveux et son fils allemand ! Le type me parle de sa vie, de son experience dans la legion etrangere, bla bla bla, sympa mais bavard. Au fait, avec la fatigue et la pluie, je me suis leve vers 9 heures et ai decolle vers 11h30 ... pour m'arreter 10km plus loin dans un restaurant, pousse par la faim. Un bon Fish & Chips m'a remis d'aplomb, que j'ai d'ailleurs partage avec l'anglais et son fils sur lesquels je suis retombe !

Je n'avais pas envie de resortir, la pluie et le vent n'aidant pas. Mais le ventre plein c'est plus facile, alors je me suis lance.


 D'abord un peu de pluie

 Et puis carrement un peu de neige !

Ca n'etait pas facile, mais c'est fait ! Il suffit de baisser un peu la tete, de penser a autre chose, ou de chanter un peu, et ca passe !

I did it !
Autant a la montee, le corps est une vraie chaudiere, et le froid n'est pas vraiment un probleme, autant a la descente, c'est une autre pair de manche ! J'enfile mon pantalon de pluie, mets mon bonnet, mes lunettes de soleil, ma capuche et mon casque, mes gants, passe les manches de ma veste par-dessus tellement le froid est tenace !

 La recompense du cycliste !

Ce qui est dur dans la vie du cycliste, c'est le contraste entre les moments difficiles passes sur le velo, et les moments faciles, au chaud dans la tente, ou autour du feu dans un camping. Mais le top, c'est quand meme la douche ! Tout les soirs, rivieres ou douches, j'essaie de me tenir propre, c'est la garantie d'une bonne nuit de sommeil !

Et en arrivant au camping de Lake Louise, je suis chanceux ! Mes voisins m'invitent pour le repas, auquel je me rends apres une bonne douche. Pommes de terre et steack, avec un bon cafe, je n'en demandais pas plus. C'est un couple de retraites qui ont beaucoup bouge au Canada, avec des randos au milieu de nulle part, deposes en helicoptere ou en hydravion. Maintenant, ils voyagent toujours mais avec leur caravane. Puis, comme j'ai encore faim, je me rends dans un abri commun bien rempli, ou il fait chaud grace au poele central qui tourne a plein regime. Deux couples allemands, un couple francais, deux potes flammands, et on discute de voyages, de randos, de boulot, et bien sur d'ours ! Il est minuit quand je vais me coucher, content d'avoir fait toutes ces rencontres.

Mais la difference, c'est que je me leve a 7 heures, et que je prends mon petit-dejeuner a 7h30 ! Et quand je vois passer un cycliste, qui plus est avec des sacoches, je ne peux m'empecher de lui mettre le grapin dessus ! C'est Ichiro, un Japonais qui a traverse les Etats-Unis a velo, et a decide de passer par le Canada avant de rentrer ! Voici son blog pour ceux qui lisent le language des Samourais : http://d.hatena.ne.jp/gt4400 . On dejeune ensemble et je lui offre un the, il me laisse un Snickers ! On demande a un gars qui passe de prendre une photo, et il reconnait mon accent, c'est un francais qui a passe 6 ans a Ottawa avec sa famille et qui voyage avant de rentrer. Ichiro reprend donc sa route, et je suis invite pour le cafe chez mes compatriotes. On discute, et en laissant l'adresse de mon blog, sa femme se rend compte qu'elle l'a deja visite ! Quelle surprise pour moi ! Je me mets donc en route avec la fierte de savoir que mon blog est bien lu !

Qui est-ce qui est reveille a 7h du mat' ? Les cyclistes bien sur !

En roulant sur la 1A, une route plus tranquille que la Transcanadienne, je tombe a nouveau sur d'autres cyclistes. Par-contre, ceux-ci ne sont pas des rigolos, des cyclistes du dimanche : ils voyagent en famille, depuis 8 mois, avec deux enfants de 3 et 5 ans. Alors la, je suis bluffe ! On discute materiel, itineraire, aventures, et je suis vraiment surpris : voila des gens qui se sont reellement donnes les moyens de vivre leur reve, en trouvant des solutions a chacun de leur probleme ! Pour ceux que ca interesse, voici leur blog : http://www.eveilnomade.fr/ ! C'est donc en me faisant la promesse de ne plus raler sur mon sort (meme si ca ne m'arrivait pas souvent) que je suis reparti, en leur souhaitant bon courage !

Certains jouent dans une autre categorie : bon courage les Murins !

A Banff, je fais un tour a la bibliotheque pour me mettre a jour sur Internet et preparer mon arrivee a Calgary. Je tombe une derniere fois sur l'anglais et son fils : quelle coincidence ! Puis je roule, et la ca avance carrement bien : une bonne route, qui descend le long de la Bow River, avec un vent de dos, et je tourne a 35km/h de moyenne pendant presque 3 heures ! Mais vers 7 heures, gros coup de barre, et je plante ma tente a 100m de la Transcanadienne, attaque par le moustique. Je me refugie dans ma tente, et dors de 7h du soir a 7h du matin, en finissant entre temps A Russian Journal de Joseph Steinbeck.

Petit-dej dans la tente, avec point carte !

Moi qui avait prevu d'arriver a Calgary vers 13h, c'est finalement vers 11h que j'apercois le saut a ski des JO 1988 (comment oublier que la Jamaique elle aussi a une equipe ? Rasta Rocket bien sur !). Et peu apres, je sonne chez les Eleys, des amis des Chomienne, mes anciens voisins a Altkirch. Judy, la mere de famille, m'accueille chaleureusement, et me mets tres vite a l'aise ! Il fait beau, la vue est superbe, et je peux prendre une douche. Dans quelques heures, je retrouve les Chomienne qui ont fait le grand voyage la veille, et qui m'ont promis de passer un super moment au fameux Stampede de Calgary. Can't wait !

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