mardi 14 décembre 2010

Qui cherche des crosses ?

Je ne pouvais pas aller au Canada sans voir au moins un match de hockey ! Alors quand Michelle nous a proposés d'aller voir un match, j'ai bondi sur mon ordinateur pour trouver le prochain match à domicile de l'équipe de Kamloops. Ce n'est pas une équipe de pro, mais de junior, c'est-à-dire que les joueurs doivent avoir entre 16 et 20 ans en début de saison, avec maximum 3 joueurs de 20 ans. Des petits jeunes qui s'amusent sur la glace, le programme est alléchant ! 

Au niveau des juniors, le Canada est partagé en 3 ligues (Western Hockey League (WHL), Ontario Hockey League (OHL), and Quebec Major Junior Hockey League) (QMJHL), et les vainqueurs de chaque ligue plus l'hôte de la finale se disputent la Memorial Cup. Cette coupe a été créée en l'hommage des jeunes soldats canadiens morts pendant la 1ère guerre mondiale. Kamloops a notamment gagné cette coupe en 1994 et 1995.

Le match du soir opposait les Blazers aux Hitmen de Calgary. Nous sommes arrivés une heure en avance, car je m'étais trompé sur le site (sinon on aurait été 20 minutes en retard ...). On a eu le temps de prendre les billets au guichet, de s'acheter des hamburgers et des poutine dans l'enceinte et de les déguster. Mais qu'est ce qu'un poutine me direz-vous ? Aucun rapport avec Vladimir, ce sont des frites noyés, perdues, que dis-je, agonisantes, au milieu d'un mélange de fromage dégoulinant de couleur brunâtre. Au final, c'est pas mauvais !

Tellement bon que j'ai presque oublié de faire la photo !
La patinoire se remplit, les joueurs apparaîssent pour l'échauffement, et c'est l'effevescence sur la patinoire, ça bouge de partout ! Heureusement que les vitres en plexiglas protègent les spectateurs, sinon il y aurait pas mal de dents en moins. Le match commence par l'hymne canadien, que tout le monde chante, avec des belles images de prairies vertes et de montagnes enneigées sur les écrans. Le public est très varié, et l'on voit des jeunes enfants tout comme des personnes de 60 voire 70 ans, aux couleurs du club !


Avant tout, l'hymne canadien, et debout s'il-vous-plaît !

Le match commence et c'est parti ! Les joueurs vont vraiment vite et les changements de lignes sont fréquents (environ toute les minutes). C'est un sport très physique et l'engagement est total ! Quand un joueur tombe, il se relève dans la lancée ! On n'est loin du foot ! On peut aussi voir les mises en opposition (ou body checking) : c'est quand un joueur imprime contre son gré son visage sur le plexiglas, aidé par un joueur de l'équipe adverse ! Le premier but vient des Blazers et c'est un magnifique tir qui vient presque du milieu de terrain : le goal n'a rien pu faire. La réplique est des Hitmen est immédiate : 1-1.
Tout au long du jeu, la FanCam filme les spectateurs, et l'on voit des petits comme des grands captivés par le match, et qui, quand ils se reconnaissent à l'écran font un grand sourire. Les pubs sont nombreuses, mais on peut bien suivre les actions.

A la pause, des jeux sont proposés sur la glace : tirs au buts, lancer de palet sur une cible depuis les tribunes, lotterie 50-50, etc ... Il y a même un mini-dirigeable qui circule et qui lâche des bons d'achats : tous les enfants le suivent de dessous !

Un dirigeable dans une patinoire, normal !

Mais dans un match de hockey, ce qui est aussi intéressant, c'est la provocation, et bien sûr les combats ! Les joueurs se taquinent, se poussent, et soudain, on voit les gants sur la patinoire, les crosses glisses et les premiers poings s'abattent ! Les arbitres se rapprochent mais n'interviennent que quand l'un des joueur prend trop cher ou qu'il se retrouve à terre. On n'y va pas de main morte et les coups sont durs ! La sanction est clémente puisqu'il ne s'agit que de 2 à 5 minutes de suspension dans un box sur le bord de la patinoire.

Gants, casques et crosses à terre : premier combat !

Au niveau de l'animation, on retrouve aussi le concours du meilleur danseur : tous les enfants se mettent à danser et la caméra cherche celui ou celle qui a le plus de style : un bon d'achat de 50$ est à la clé ! J'ai hésité à me lever, mais je me suis dit que je ne pouvais pas me permettre de priver un petit enfant d'un si précieux cadeau. Soudain, on aperçoit deux lascars tout d'orange vêtus : ce sont les mascottes des Blazers ! Ils font les pitres, et vont même embêter les joueurs expulsé de l'équipe adverse en tapant sur la vitre.
On ne peut pas manquer les mascottes des Blazers
Je décide de m'approcher un peu en descendant au pied de la patinoire, et le spectacle est tout autre ! On est au niveau des joueurs, on les sent respirer, on les voit transpirer, et on voit toute la détresse et l'envie dans le regard. 

Remise en jeu : qui sera le plus rapide ?
Au bout du temps réglementaire (3 périodes de 20 minutes), le score est de 2-2 partout. Il y aura donc prolongation, avec but en or. Les Blazers ne se font pas attendre puisqu'ils marquent au bout de 16 secondes pour gagner la partie 3-2 : bravo !

De droite à gauche : Michelle, Maike et moi

Je suis retourné voir un match vendredi dernier, avec Derryl cette fois-ci. C'est un Native (indien du Canada) qui habite aussi sur le ranch et qui s'occupe du bois. Je me retrouve donc souvent avec lui pour l'aider à transporter les rondins, aussi bien pour la grande chaudière que pour nos poêles. Il me parle des nombreuses choses : son enfance dans le Yukon,  le hockey, le billard, les rites indiens du Swet Lodge et du Sun Dance, etc ... Je suis d'ailleurs allé chez lui mardi dernier, alors qu'il finissait de monter son billard, pour faire quelques parties avec lui. J'ai compris dès la première que je n'allais pas gagner ce soir, j'ai donc demandé quelques conseils, afin que je m'améliore quand même au passage. Il m'a montré quelques coups et quelques astuces, mais il ne faut jamais oublier que la première règle au billard est : "N'écoute jamais ton adversaire !". J'ai du la transgresser, et ça l'a aidé ! Au niveau des rites indiens, j'aurais l'occasion d'en parler une prochaine fois, puisque j'ai eu l'occasion de participer à un Swet Lodge (littéralement maison de la sueur, sauna) !

Revenons-en à notre match du soir, qui opposait à nouveau les Blazers, aux Swift Current Broncos. Un bronco est un cheval sauvage, j'ai appris ça dans un livre de cow-boy que je suis en train de lire. Nous sommes un peu en retard, et dans la file pour prendre un ticket, un homme demande qui veut des tickets, et aussi rapide que l'éclair Derryl répond et se retrouve avec un ticket gratuit. Nous retrouvons Elise, la wwoofeuse québecoise et une amie charpentière, rencontrée dans sa nouvelle ferme.

Le match a déjà commencé, et c'est un tout autre jeu qu'offre les Blazers ce soir : le palet circule beaucoup plus, et les provocations sont plus nombreuses : un Blazer se fait même expulser 5 minutes pour avoir essayer de faire tomber un adversaire en le poussant avec sa crosse derrière le patin alors qu'il retournait sur le banc. Au premier but des Blazers, c'est la folie : des milliers d'ours en peluche sont lancés sur la patinoire : en effet, c'était la Teddy Bear Night ! il a fallu trois camions sur la glace pour faire sortir tous ces visiteurs impromptus qui iront directement à des enfants des hôpitaux de Kamloops, et permettre au jeu de reprendre.

Au premier but, la patinoire se remplit de peluches !

Les provocations continuent et avec elles, leurs combats inévitables ! Ils ne sont pas toujours équilibrés, mais ce n'est pas forcément le plus grand qui s'en sort le mieux, et toujours sous les encouragements du public, avec une musique de circonstance !
Encore un combat, sur écran géant !
 Vers la fin de la partie, un joueur des Broncos se fait rentrer dedans par un joueur des Blazers dans son angle mort, et je crois qu'il se prend une crosse au passage. Toujours est-il qu'il tombe raide sur la glace, et que je vois de loin sa jambe convulser. L'ambiance dans la patinoire se glace. Le staff médical des deux équipes intervient rapidement puis des secouristes arrivent, en glissant  bien entendu, et apporte un brancard. Les joueurs des deux équipes restent à disposition, et les Blazers restent à genou toute la durée de l'intervention. Au bout de 15 minutes le joueur est évacué sur civière, sous les applaudissements du public.
Un joueur est sérieusement blessé, les Blazers sont à genoux

J'ai appris par la suite sur un blog qu'il va mieux, qu'il marche et qu'il parle à nouveau : ouf !

Finalement, la partie se conclut par un nouveau 3-2 en faveur des Blazers : bravo ! 

Au programme des prochains épisodes : équitation, préparation de Noël et Swet Lodge !

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