vendredi 29 octobre 2010

Fin du Togo

La dernière semaine du chantier Education est passée très vite ! un peu trop d'ailleurs. Jeudi, comme prévu, nous allons tous à la bibliothèque. Evegno, le bibliothécaire, est prévenu, et nous attend à l'entrée. Je le présente et dis que c'est lui qui donne les règles ici. Très souriant, il explique qu'il ne faut pas faire de bruit, les invite à poser leur sac et les installe autour de deux grandes tables. Dans un silence qui m'impressionne moi-même, ils vont tous s'assoir. Une table après l'autre (bon il n'y a que 2 tables), les élèves vont chercher un J'aime lire. De silencieux, ils passent à très silencieux, ne levant la main que pour les mots qu'ils ne comprennent pas, comme "hiver" ou "varicelle" ou encore "tressaillir", que je m'empresse d'expliquer ou de mimer. Ceux qui ne savent pas lire regardent les images, et ils comprennent alors l'intérêt de la lecture que l'on se bat à vouloir enseigner ! En sortant, je leur rappelle le deal : 2 consultations gratuites, et au bout de ces 2 consultations un bic gratuit ! En quittant les derniers élèves, je sens un petit pincement au cœur, d'un côté on est léger, avec le sentiment du travail bien fait, mais d'un autre côté, on est emprunt d'une certaine nostalgie. Au loin, le soleil qui se couche offre un superbe spectacle, d'abord orange, il teint le ciel de rose et disparaît derrière les collines autour du mont Kloto.

Vendredi, dernier jour d'école ! Ce serait trop facile, alors je vais faire un discours sur les scouts au lever du drapeau du collège du Saint-Esprit (collège/lycée) devant 300 élèves à 6h45. Le père-directeur, Jean-Eric, a déjà été en France et a passé 6 mois au Châtelard à Francheville, dans la banlieue de Lyon, lieu où s'est déroulé le week-end territoire bleu 2009. Applaudissements, j'espère que je les mérite et que je n'ai pas été trop long. Je retourne en zem à l'école et nous faisons cours uniquement le matin. J'ai faim, je suis fatigué, alors je gueule un bon coup pour remettre les élèves à leur place. A onze heures trente, c'est fini ! Je ne les aurais plus en cours ... Petit pincement au coeur, comme hier en rentrant de la bibliothèque. L'après-midi est consacrée non pas au TM (Travaux Manuels : entretien de l'école, coupage de l'herbe, etc ...) mais à la réunion de bilan avec les professeurs. C'est le premier chantier d'éducation, le fond est bon mais la forme perfectible. Je suis le rapporteur et je note tout ce qui se dit. J'aurais le temps de taper tout ça à l'ordi ce week-end. Une photo de groupe clôt la réunion et nous allons tous au QG pour un bon repas, avec les professeurs et les directeurs. Quand ils partent, nous fêtons l'anniversaire d'Elodie, puis nous allons au bar du coin. Les fêtes se suivent et se ressemblent. Sauf que cette fois-ci, je croise Awade au bar, le plus vieux de mes élèves de CE2. On danse et je lui offre un sachet d'eau. Il racontera à toute la classe que je lui acheté un coca !
Samedi, c'est Laetitia qui nous quitte la première. En la voyant disparaître au coin du sentier, je me demande si je la reverrais, et d'ailleurs qui je reverrais de tout ce monde rencontré ici. Reviendrais-je un jour ? Qui sait ?

Dimanche onze heures, je me retrouve seul avec Franck pour le repas de midi. Puis je suis seul, bien seul dans cet appartement qui a accueilli onze personnes à temps plein, sans compter les visiteurs, pendant près de 3 semaines. Alors je lis, Manon Lescaut pour le coup. Je passe voir David, l'infirmier, et nous discutons bien 3 ou 4 heures.

Lundi, les parents de Lucile et sa petite soeur viennent pour quelques jours. Nous allons manger ensemble à la cafette du village, où la rapidité du service est une spécialité (40 minutes pour un riz-omelette, balèze). Je passe une dernière fois voir ma classe, pour faire une belle photo de classe, afin de ne pas les oublier. C'est dans un hourrah général que je fais ma dernière entrée dans cette salle de classe. Ah c'est sûr, ils vont me manquer ! Awade qui fait le malin au fond, Egkpe qui veut répondre à toutes les questions sans avoir la bonne réponse, Saïbou qui a toujours une bonne raison de se quereller, Kpeglo qui cherche une nouvelle bêtise, et Dominique qui a encore tout compris le premier.

La classe de CE2-C

De l'intérieur

Ah qu'ils sont sérieux !


Je libère la chambre et fais mon sac. Je prends le zem avec Pascal jusqu'à la sortie de Kpalimé où nous entrons dans le premier taxi brousse en direction de Lomé. Adieu Kpalimé, beaux jours sitôt passés !

En entrant à Lomé, je reconnais Chachou et Aline sur le bord de la route, mais impossible de s'arrêter ou de les saluer. A l'appart, on les retrouve tous, enfin presque : Clémence, Marie, Adriane et Arnaud. Mardi, on va au village artisanal, puis à la plage, Coconut Beach cette fois-ci. A nouveau plage paradisiaque, bar à cocktails et autres paillotes. Mais il a fallu traverser la zone industrielle qui jouxte le port, la raffinerie et la l'usine à phosphates : beau tableau !

Le soir, c'est Arnaud le premier qui prend le bus pour l'aéroport. On prend le taxi ensemble, et au moment de sortir les bagages, Arnaud le paye. Le chauffeur, qui aurait du nous ramener, Pascal et moi, ne demande pas son reste et file, nous laissant plantés devant le hall des départs ! Tant pis, on rentre en zems. Au moment du départ des filles, la voiture, trop chargé, racle le dos d'âne et abîme l'arrivée d'essence. Au bout de trente minutes, elles choisissent d'en prendre un autre. Pascal et moi restons à l'appart, avec Jennifer qui nous a rejoins. Le lendemain, c'est mon dernier jour. Je décide d'aller voir près de l'hôtel Cristal Palace s'il ne reste pas des perles. Au lieu de ça, je trouve deux bouquins, Oro de Cizia Zykë et Le chevalier de Sainte Hermine d'Alexandre Dumas, le tout pour 3000 CFA (5 euros). Je lâche mes derniers CFA dans des souvenirs, à gauche, à droite.

Manu passe à l'appart pour voir quand je dois partir, et je me rends compte que mon avion n'est pas mercredi soir, mais bien jeudi soir ! Mince, j'avais un rendez-vous à Paris ... et m... Bon tant pis, il n'y a pas mort d'homme. Alors je me mets à lire et je finis Oro dans la journée. Ce bouquin est passionnant et raconte les aventures (vraies) de Cizia Zykë, qui part chercher de l'or au Costa Rica. D'abord seul, puis avec des associés et enfin avec des membres du gouvernement, il cherche cet or que tout le monde veut. Arnaques, arrestations, prostitution, jeux, drogues, maladies, corruption tout y est ! Mais par dessus tout, Cizia garde sa parole, son sens du travail et de l'honneur. Jeudi je m'attaque à un autre genre, le chevalier de Sainte Hermine, plutôt historique, mais néanmoins intéressant. Sans le sous et n'osant pas retirer, par défi dirais-je, on tient la dernière journée à 2 avec 1000 CFA soit 1,50 euros pour 2 petits-dej' et 2 repas !
On termine de tout nettoyer, on rend les clés. Je dis au-revoir à Pascal, et je vais à l'aéroport sur la moto de Manu. Ca y est, je suis dans l'avion, qui va décoller.

Un dernier regard sur l'aéroport et les lumières de Lomé, et direction la France !

1 commentaire:

  1. Tiens au Népal ils ont les mêmes salle de classe... et apparemment les petits népalais ont très froid en hiver :(

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