mercredi 9 février 2011

Les lumières et les ombres de la ville part. II

Voici donc comme promis, un peu plus de détails sur mon habitation des 4 prochains mois.

Une paisible maison de banlieue (avec un bonus dériveur !)

Le salon, avec une bonne chaîne hifi (important !)

La grande cuisine, pour des bons repas français

La baignoire ? on s'y fait !

Ma chambre (non le MacBook n'est pas à moi)

Pour 530$ par mois à Vancouver, je ne suis pas trop mécontent. Les propriétaires, qui ont une autre maison à Princeton, BC et à Palm Spring, CA ne reviendront de Californie que début avril, ce qui laisse pas mal de liberté jusque là. Je parlais du dériveur, en effet, Patrick, le propriétaire, a un petit dériveur sur une remorque, et en a déjà fait avec Niels dans la baie des Anglais, à côté du Stanley Park. En fait, nous sommes pour l'instant 2 à l'étages, Hoon et moi. Hoon est un Coréen qui habite ici depuis 2 ans, et qui travaille dans la même boîte que Benoît (chez qui je logeais avant). Dans le basement (la cave), sont logés 3 autres personnes, pour un tarif un peu plus avantageux. Ils sont totalement indépendants, et je ne suis descendu que pour me présenter et remettre les plombs en place. Comme l'immobilier est très cher, c'est une pratique courante d'aménager sa cave et de la louer en collocation : la plupart des appartements que j'ai visités étaient en fait des basements.

Niels, Hoon, moi et Adrien autour d'un bon plat de spaghettis

Ne vous inquiétez pas, on va bien s'entendre !
 
Dans la semaine, j'ai envoyé pas mal de resumes, environ 4 par jours, assez ciblés. Mais faute de réponses, je commençais à sérieusement tourner en rond. Mon pied me fait toujours mal, et je ne peux pas me dépenser comme je voudrais en allant courir ou faire du vélo. Et puis passer la journée seul sur l'ordinateur, au bout d'un moment ça démoralise. Alors les questions existentielles arrivent : qu'est ce que je fais là ? pourquoi j'ai décidé de faire mon stage maintenant ? est-ce que j'ai le niveau ? qu'est ce que je vais faire si mon pied continue à me faire mal ? et si je trouve pas de boulot ? je vais finir seul et misérable ... Heureusement, Hoon est là et je peux un peu en parler. Je sors aussi prendre l'air et ça me réveille un peu.

Finalement, jeudi soir, première demande d'entretien : c'est la délivrance ! Vendredi, un coup de fil, et bim, deuxième entretien. A peine raccroché, je saute au plafond et cours dans toute la maison : j'ai un sourire jusqu'aux oreilles.

Alors, maintenant, pas de panique, il faut bien préparer tout ça. Je profite de cette dynamique pour aller chez le coiffeur. Une chinoise s'en occupe très bien pour 8$ et j'ai maintenant le physique de l'emploi. Il faut aussi que je passe la frontière pour enfin valider mon PVT.  Donc samedi, je prends le Greyhound bus jusqu'à Bellingham qui se trouve à environ 80kms. En attendant le bus, je tombe sur un Allemand de Munich. Un vrai Bavarois ! Fervent supporter du Bayern, un accent à couper au couteau (même en anglais) et chauvin au possible ! On parle de foot pendant 2 heures comme deux bon européens, enfin c'est surtout lui qui parle, moi j'écoute !

A la frontière, c'est tout un ensemble d'infra-structures qui nous accueille. On doit sortir du bus sans rien oublier, remplir un petit carton, faire la queue, répondre au douanier et son regard interrogateur, remplir un autre petit carton, payer 6$ US et on peut enfin retourner dans le bus. Forcément, un douanier m'approche et me fouille mon sac. Il tombe sur mon appareil photo, avec la capsule de Marilyn, et commence à se poser des questions. Il montre ça à sa collègue, mais finalement ça passe, et je suis le dernier à monter dans le bus. Je dis en rigolant au chauffeur : "Je m'étais rasé pourtant ce matin !".

Avec le retard de la frontière, je n'ai que 2 petites heures à passer à Bellingham, c'est vraiment peu. Je prends un bus pour aller au centre et manger un bout. Je me retrouve dans un petit café/restaurant très chaleureux, végétarien, avec des serveuses très sympathiques et un petit soleil d'hiver qui traverse les grandes vitres. Comme d'habitude, je me rends compte que je suis à la bourre, et que je dois quitter le restaurant. Le Greyhound bus est à 15h50, il est 15h05 et la navette circule toute les demi-heures. Dans le pire des cas, il part à 15h10 et à 15h40 et il faut que j'attrape celui de 15h10. Manque de pot, le pire scénario se produit (Murphy quand tu nous tiens), et je rate celui de 10. Mon stoïcisme, ma blessure et mon dédain me forcent à rester et attendre celui de 40. Je lis pour passer le temps un bouquin de Steinbeck, qui va visiter la Russie en 1948 avec son pote Robert Capa, photographe renommé. Je monte dans la navette, et commence à stresser tout doucement, mais juste ce qu'il faut, pas plus ! Et là, comme à Jasper, le miracle se produit. Le chauffeur va monter dans le bus, tout le monde est à bord quand j'arrive. Il vérifie mon passeport et en voiture Simone !

La NASA aurait-elle choisit Bellingham pour son nouveau programme spatial ?


Dimanche, j'oscille entre la préparation de mes deux entretiens, connaissance générale et technique, et le Super Bowl XLV qui voit s'affronter les Packers de Green Bay et les Steelers de Pittsburgh. C'est long alors je ne regarde pas tout, mais ce sont les Packers qui l'emportent 31-25. Ce qui est surtout impressionnant, ce sont les foules que ça déplace, la promo qui est faite autour de l'évènement, le concert de la mi-temps. Ce sont les Black Eyes Peas qui s'y sont collés et ça ressemblait à une cérémonie d'ouverture de Jeux Olympiques.


Lundi, je suis prêt, j'enfile une chemise, me rase une dernière fois, et prend le skytrain direction Downtown un peu stressé. Je stresse un peu mais finalement je me dis qu'il n'y a pas de raison et comme je suis carrément en avance, je circule un peu de le quartier de Gastown, et découvre le vieux Vancouver, avec ses rues pavées, ses immeubles de briques rouges, ses magasins de souvenirs et son horloge à vapeur. L'entretien se passe bien, je maitrise mon sujet, du moins j'en donne l'impression et l'anglais ne me pose pas de difficultés particulières. Je ressors heureux, le sourire aux lèvres, la démarche presque légère, un fort vent soufflant dans les rues de la ville.

L'après-midi, pas de temps à perdre, je me lance dans la (re)découverte du PHP, un langage de programmation que j'avais utilisé en stage il y a maintenant presque 2 ans. Mais l'après-midi passe vite, et j'ai un rendez-vous Meetup Ruby on Rails à 7pm PT (oui, je suis déçu, plus de 19h ici). PT signifie Pacific Time, après c'est MT pour Montain Time (-1), CT pour Central Time (-2), ET pour East Time (-3) et même AT pour Atlantic Time (-4) mais que pour la Nouvelle Ecosse, Terre Neuve et Labrador. Mais je suis sûr que Meetup Ruby on Rails ne vous parle pas beaucoup plus.

Alors commençons par le commencement : un Meetup c'est une sorte de rencontre autour d'un thème donné. Et les personnes intéressées s'inscrivent et se retrouvent pour partager sur ce thème. Le site internet associé rassemble tous les meetups, dans toutes les grandes villes d'Amérique du Nord, et c'est un excellent moyen de rencontrer des gens qui ont une passion commune. Et ça dépote ici à Vancouver ! www.meetup.com

"Agissez, apprenez, partagez, changez"

Et le Ruby on Rails, c'est un framework (sorte de cadre de travail/boîte à outils) qui permet de faire des applications/sites web très simplement, et avec lequel j'ai travaillé brièvement à ETIC, la junior entreprise de l'INSA.

Comme sur des ...
 
Alors j'ai juste le temps de passer à la bibliothèque, m'inscrire et retirer 3 DVDs dont "Entre les murs", avant de sauter dans la skytrain et d'arriver au pied de la Harbour Tower Center dans Downtown. Nous sommes 2 à arriver juste à l'heure, et un japonais, l'organisateur en l'occurence, nous donne un lift jusqu'au 16ème étage. Et c'est parti pour 30 minutes de conférence sur "Comment faire un meetup qui déchire !". Moi qui m'attendais à quelque chose de technique, je suis bien surpris. Mais en fait, le but de cette conférence et de nous pousser nous, l'audience, a organiser et à présenter quelque chose lors du prochain meetup. En tout cas l'ambiance est très bonne, et les remarques à la fin sont très constructives. Le chef d'entreprise (CEO pour Chief Executive Officer) de noomii.com, un site de coaching personnel, propose de payer son coup au bar du coin, le Steamworks (où j'étais allé avec Bruno, l'ancien INSA), et propose de recruter les gens intéressés. De la bière et une nouvelle opportunité de stage, que demande le peuple ? On descend tous au bar, et ça discute de tous les côtés. On s'échange des cartes de visites. Je rencontre un français de Lille, qui a monté un site de hockey amateur, pour la gestion de réservation de patinoire entre autres. Et ça marche bien ! www.hockey-community.com . Je vais aussi discuter avec Kurt, le CEO en recrutement. On discute un peu, et il me laisse son email sur ma dernière carte de visite, tant mieux, tant pis ! 

Je reste avec Paul et un copain à lui, tous deux de Calgary, pour finir les dernières bières. C'est incroyable comme c'est dynamique, que les idées fusent, et que les bons concepts explosent. La dernière idée de Paul est grosso modo un chat en live simplifié. Mais je n'en dit pas plus, on verra dans quelques mois !

Ce matin, nouvel entretien à l'autre bout de la ville, à la Simon Fraser University. Le campus se trouve en haut d'une colline, cernée par les arbres. Ca me rappelle l'ambiance de l'université des Rivières Pourpres, perdu dans les Alpes. Elle a aussi servi de décors pour Stargate SG1 ou encore The X-files. Cette fois-ci c'est pour hiretheworld.com, une startup de crowdsourcing dans la création de logo et design pour l'instant, mais de pub dans un avenir proche. Le crowdsourcing c'est l'utilisation de la créativité et de l'intelligence d'un grand nombre pour l'externalisation de tâches. Ici, une entreprise qui cherche à avoir un nouveau logo lance un concours avec un cahier des charges et un prix. Chacun est libre d'envoyer le ou les logos qu'il a crée. L'entreprise choisit le meilleur logo et son créateur gagne le prix. 

Bon je mets un peu de temps à m'y retrouver sur ce campus géant, mais je suis bien à l'heure et rencontre Doug, le CEO de la boîte. Très sympa et très dynamique, il me questionne un peu sur mon parcours et mes expériences. Puis, il sort un petit questionnaire pour pouvoir évaluer mon niveau technique en PHP, html et css. Il me tend deux stylos, des feuilles blanches et c'est parti ! Variables globales, MVC, Active Record, programmation orienté objet, affichage html, et problème de synthèse, tout y passe ! Niveau concept, je me débrouille pas mal, mais dès que j'attaque le html, plus rien ... Heureusement, je pense m'en être sorti au niveau du problème. L'heure tourne et je rends la copie. On discute encore un peu et on se salue.

L'après-midi, je reçois un mail disant que compte-tenu de mon niveau en PHP et de la courte période de temps pour laquelle je postule, ils ne retiendront pas ma candidature. Tant pis ... mais de toute façon, c'était un peu loin !

Toujours est-il que depuis deux jours, je rencontre beaucoup de CEO et d'entrepreneurs, et je commence à me poser des questions. Pour moi, l'informatique, c'était le boulot et ça finissais dès que je rentrais chez moi. Je veux dire par là que je ne me focalisais pas dessus et que ça n'était pas un espace de créativité pour moi. Mais au contact de tous ces gens, je commence à réaliser qu'il y a son épingle à tirer du jeu, et qu'en s'y penchant un peu plus, il y a vraiment un univers à découvrir, des concepts à réinventer. Et que Vancouver est le bon endroit pour se lancer !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire