Et voilà, j'ai trouvé un boulot ... et la routine prend doucement mais sûrement sa place.
Mais revenons-en à ma recherche d'emploi, il y a 3 semaines. Après 2 entretiens, je reçois un email, le sésame tant attendu :
Hi Antoine,
Hope all is well with you. We have a lot of exciting new projects in our pipeline and would love for you to be part of our team. [...] Please let us know at your earliest convenience and we can start the paperwork.
Please feel free to call or email us with any questions you may have.
Quand je lis l'email, je deviens encore plus fou que lors de la réception de la proposition d'entretien : je saute partout et j'appelle mes parents pour leur annoncer la nouvelle !
Je vais commencer le 14 février, jour de la Saint Valentin ! Je vais pouvoir leur déclarer ma flamme ! Mais bon, d'ici là, il va falloir que je me mette à jour en Ruby on Rails. Le mois de juin est déjà loin, et il ne faut pas que j'ai l'air perdu dès le premier jour. Alors je me mets à réaliser une petite application web que j'avais toujours eu en tête, mais je n'avais jamais pris le temps de m'y mettre. Le principe est simple : réaliser la gestion des comptes d'une colloc, ou plus généralement d'une cagnotte. Chacun déclare ses dépenses, on clôt la cagnotte et chacun reçoit la somme qu'il doit recevoir ou verser. Je me dis que j'aurais pu m'y mettre plus tôt et que ça aurait bien simplifié les nombreux chèques que nous avons échangé à la Colloc Courteline pendant 2 ans. En cherchant un nom, je pense à Kidoikoi, ça sonne bien et ça résume l'esprit de l'appli. Hélas, en faisant une rapide recherche sur Internet, le site existe déjà, et tout est déjà implémenté. Tant pis, je ferais la même chose pour m'exercer !
Ca fait déjà 2 semaines que je suis dans ma nouvelle chambre, et il est temps de pendre ma crémaillère. Je me dis qu'une soirée crêpes est le meilleur prétexte pour un français qui arrive. Et comme j'en ai parlé à la plupart des gens que j'ai rencontré, il me faudra faire les choses en grand. Je reviens chargé comme une mule du Safeway, le supermarché d'à côté, mais pas le moins cher...
4 poêles, 36 œufs, 4L de lait, 2kg de farine, je suis prêt ! |
Je nettoie bien la maison, et attaque les crêpes à 19h. Une heure plus tard, les premiers invités arrivent, et j'ai déjà une bonne trentaine de crêpes bien chaudes. Finalement, nous serons environ 25 dans une bonne ambiance franco-internationale !
Une vraie bande de Canadiens ! (pas de Robin Scherbatsky) |
Chut, Hoon est là incognito |
Je me rends compte que la soirée passe à toute vitesse et nous nous retrouvons à trois, pour finir des bières et quelques crêpes que nous fourrons au chocolat. Le lendemain, on range tout avec Hoon.
Samedi soir, Adrien m'invite chez avec d'autres amis, et on profite de la piscine intérieure de son immeuble, c'est pas la belle vie ! Des grandes baies vitrées, on voit circuler les passants emmitouflés dans leurs grands manteaux, et les sportifs de la salle de fitness d'en face s'activer sur leurs tapis roulants ou leurs vélos d'appartement. Dimanche, c'est la crise, je m'ennuie ferme. L'objectif est atteint, puisque j'ai décroché un boulot, mais comme je veux toujours reposer mon pied, je ne sors pas, et me fait ch... comme un rat mort. C'est dans la tête puisque j'aurais pu faire pleins de chose, mais je ne fais que traîner sur l'ordinateur, et m'allonger sur mon lit ...
Finalement lundi sera mon pré-premier jour : mon bureau et mon ordinateur ne sont pas encore livré. Je passe tout de même au bureau pour signer mon contrat et dire bonjour à tout le monde. Le soir, grâce à Craiglist et à ma motivation de la veille, je rachète une guitare à un Canadien qui part bientôt pour Toronto. Je suis content de pouvoir gratter à la maison, mais je n'ai pas d'accordeur et mes réglages imprécis rendent rapidement ma guitare inutilisable. Heureusement, une semaine après, Julian, un Danois avec qui je travaille me prête son accordeur et les arpèges peuvent gentiment reprendre. Je n'apprends rien de neuf, mais pratique les morceaux que je connais déjà. Il faudra quand même que j'essaie du Brassens, parce que le Petit Ane Gris et les Champs Elysées, on a donné !
Mardi, c'est parti, et pour de bon cette fois-ci ! Je découvre mon poste de travail : une table en verre dans le coin d'une pièce, sur laquelle trône fièrement un iMac 27" flambant neuf. Je n'avais jamais vraiment fait le pas vers Mac, mais cette entrée en matière n'a pas été pour me déplaire. Je me rends compte aussi que c'est la première fois que je ne travaille pas sur mon portable, comme lors des stages précédents.
Un iMac, un bon siège et du papier, c'est tout ce qu'il faut ! |
Mon patron met en place les outils nécessaires et configure la machine pour le partage de code source. Je dois prendre connaissance d'une application de gestion et d'organisation de conférences. Les clients ne sont autres qu'Adobe, Nvidia, parmi d'autres ! Le système mis en place est un peu particulier, et je dois pour l'instant essayer de corriger les bugs ... Deux jours plus tard, un document de spécification m'est remis et je peux enfin travailler avec un objectif précis. Les horaires officiels sont 9am-5pm avec une pause d'environ 30 minutes à midi. Chacun mange quand il veut, souvent vers 2pm, ce qui me fait bizarre au début, mon ventre émettant des sons étranges dès midi et demi. Mais le vendredi, c'est repas tous ensemble, c'est-à-dire à 8-9 dans un restaurant du coin. En parlant du quartier, c'est un dans Gastown, le quartier historique que je travaille. Les rues sont pavés, les murs sont de briques, et les boutiques de touristes nombreuses tout comme les restaurants. Cela contraste beaucoup avec le reste de la ville, et j'ai plus l'impression de me trouver dans Liverpool que dans une ville de l'Ouest Canadien.
La statue de Gassy Jack, qui a donné son nom au quartier, Gastown |
La fameuse horloge à vapeur de Vancouver |
La semaine passe vite et voilà déjà le week-end qui arrive. Quel plaisir de le retrouver. Je me rends compte que cela fait presque 6 mois que je n'ai pas travaillé au sens professionnel du terme. Et que les derniers week-ends qui se démarquaient de la semaine étaient ceux du Togo ! J'ai doucement repensé au premier devoir surveillé de physique de ma première année à l'INSA. Le stress s'était doucement accumulé au cours de la semaine précédent ce premier test de mes études universitaires d'un vendredi après-midi d'octobre. Je me suis souvenu de tout ce monde qui sortait, échangeait ses réponses et ses raisonnements dans des pseudo-conversations qui ressemblent plus à des monologues qu'à des échanges constructifs, et qui cèdent rapidement le pas à l'organisation d'un foot sur le terrain de l'IUT ou à une virée rue Sainte-Catherine. Mais ce soir, rien d'aussi fou, juste un repas italien chez des amis Canadiens. C'est BYOB (Bring Your Own Beverage/Beer/Booze/Binouze). Je fais classique : une baguette et un fromage de chèvre feront bien l'affaire pour un chèvre chaud. Un peu de miel sur place apportera la touche sucrée nécessaire. Le choix, la qualité et le prix du fromage me font regretter la France : le chèvre ressemble finalement à de la vache qui rit (couleur et texture) et coute presque 4 euros les 200g ... mais bon c'est comme ça !
Samedi, c'est l'anniversaire de Florian, un gars d'Angers qui fête ses 28 ans dans un bar à un block (une rue) de mon bureau. L'ambiance est bonne, ça bouge bien, mais je m'aperçois que je n'ai plus autant la pêche pour danser, et qu'il faut vraiment que je reprenne le vélo si je veux garder une bonne condition physique.
Dimanche, il fait tellement beau qu'il faut que je sorte. J'appelle Alexandre et Maud, rencontrés à Educacentre, pour leur proposer une ballade à la UBC (University of British Columbia). Alexandre travaille, mais Maud appelle une copine et on se retrouve à l'arrêt de bus, 1 heure de vélo plus tard. On se ballade d'abord sur le bord de mer, et sur une plage sauvage de la pointe de Vancouver, pavée de galets bien ronds et peuplés de bois flotté. Une vraie ambiance de promenade de dimanche après-midi de février, avec un ciel plutôt clair et un froid bien mordant.
Plusieurs yeux, plusieurs bouches, ahhhhh !!!! |
On aurait bien voulu bronzer ... |
Puis on retourne sur le campus que l'on découvre doucement. Quand je vois les bâtiments de la UBC, je me dis que les bâtiments de l'INSA ont vraiment été construits par des ingénieurs est-allemands ou nord-coréens des années 50 avec un budget digne de celui du CNRS. Je ne sais pas s'ils ont signés un partenariat avec IKEA, mais leurs salles de travail ressemblent plus à la nouvelle médiathèque qu'à une salle de TD du Peigne (préfabriqués des années 60 du cycle préparatoire à l'INSA). C'est grand, c'est lumineux, et on peut voir des portraits des étudiants de chaque promo depuis la création du département concerné.
Une belle structure bois pour le département ... forestry |
Nous sommes rentrés dans le département Wood & Forestry. C'est ouvert le dimanche, et nous avons déambulé dans les couloirs, au son d'une balle de ping-pong et des chuchotement des étudiants préparant leur dernier compte-rendu de TP, courbes et graphiques à l'appui. Ce qui m'a frappé, après l'architecture du bâtiment, c'est le graphique des salaires à l'embauche dudit département. Il crève littéralement le plafond !
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J'ai toujours su que j'aurais du travailler dans le bois |
Puis guidés par nos estomacs et par notre instinct de survie, nous nous sommes rendus au Starbucks du campus, ouvert pour l'occasion.
Fond de poche ... |
Courageux mais pas téméraire, j'ai pris le bus pour rentrer, mon pied et le froid tombé avec la nuit aidant. Ici, les transports en commun acceptent les vélos, bus comme skytrain, ce qui rend la vie bien plus facile !
La semaine qui vient de se terminer s'est déroulée tranquillement, avec des petits hauts et bas. J'ai failli notamment craquer au boulot mercredi, suite une journée passé sur la une mise à jour de mots de passe qui ne fonctionnait pas. Il faut alors que je passe par une remise en question de mes compétences, que je doute et que je ne me sente pas à la hauteur. Heureusement, j'avais demandé à Adrien si je pouvais nager un peu chez lui. Le stress et les doutes sont partis avec les longueurs et les bulles du jacuzzi. Puis je fais un tour au bar, pour rencontrer Matthias, un français qui vient d'arriver et qui cherche un boulot dans le web, en tant que conseiller marketing/e-commerce. On prend une bière, puis par mégarde une deuxième. Le chemin jusqu'à la maison s'avère plus long et que d'habitude, et devant la maison, je lève les bras comme un vainqueur d'étape du Tour de France !
Hier, deuxième week-end de ma nouvelle vie de développeur, et on m'a proposé d'aller faire des raquettes à Cypress Mountain. L'appel de la neige, de la sueur et du grand air sont les plus fort et je suis à 9h30 chez Morgan et Brad, deux amis Canadiens. Les préparations sont un peu plus longues que prévues et on décolle à 11 heures. A 11:30, on est au pied des départ de rando, mais il nous faut louer les raquettes avant. 21 CAD la paire, c'est pas donné, mais tant pis ... On marche un peu et on s'arrête au bout d'une demi-heure pour manger. On repart, mais au bout de 30min, Morgan voudrait faire demi-tour, son genou la gène. Je sais que le "sommet" est 200m plus haut, que ça n'est pas le bout du monde, et quand je vois passer un groupe en jeans, je me dis que si je ne vais pas en haut, je ne pourrais plus me regarder dans la glace ! Alors on se sépare, on règle tout ça en 40 minutes et l'honneur est sauf : ouf ! 3 heures de raquettes, ça n'était pas le bout du monde. A la descente, j'enlève mes raquettes, la neige est tellement tassée par les nombreux passages qu'elles ne sont pas vraiment nécessaires. Et puis c'est plus drôle de faire du toboggan !
Samedi soir, je suis finalement mort, je dors, je dors, et je termine la série des Invicibles saison 2. C'est les histoires de quatre potes, c'est diffusé par Arte, ça se passe à Strasbourg (des voitures immatriculé 67, ça touche, même si c'est pas 68), et ça fait assez d'arguments pour être regardé. Aujourd'hui, gros rangement, je rédige ce post, et l'air de rien ça me prend un peu de temps ! Je fais quelques courses au Superstore, et le soir, on partage un bon repas avec des amis français rencontrés à Educacentre, mais aussi des amis d'amis. Voilà, je suis d'attaque pour commencer cette nouvelle semaine !